Dans le brouillard s’en vont…
Espaces aux aplats blancs, volutes, voltiges de coton,
Silence.
Cécité.
Dans le brouillard d’automne
Sanglots. Mélancolie.
Lignes perdues de rails ou de chemins. Boue du cœur et chagrin.
Dans le brouillard s’en vont deux silhouettes grises.
Improbable esquisse et ce léger vertige du dessin noir et blanc
Un saut dans l’inconnu et perte d’équilibre
ou de mémoire,
perte d’entrain.
Un vide.
Plus de contours ni de limites,
Tout n’est qu’horizon, zone, no man’s land
Profondeur laiteuse, vaste comme les nuits. Nuit inversée sans lune, sans étoiles.
Vasque d’oubli, cet écheveau blanc qui perce et cerne de part en part
effleurant un
je ne sais quoi d’inquiétant,
de macabre
comme si dans ce décor trompeur aux yeux chassieux une main se posait
sur l’épaule
éraflant de sa griffe amère
nos illusions chatoyantes.
Dans l’ouvert sans nord, la corne de brume rappelle la cloche des morts ou un râle.
La nausée est proche.
Dans le chaudron bouillonnant, on broie du chagrin aux fumées âcres…
Pourtant, on ne sait après quel coma ou quelle fulgurance, l’espace aux aplats blancs a fait place comme par magie aux aplats bleus d’azur, aux formes nettes, aux couleurs de tambours et tam-tam…
Le brouillon est déchiré, jeté à la poubelle : la balle de soleil rebondit dans le jour.