Laiteux, le brouillard donne la vedette aux sons : quand on est débrouillard ! Ainsi privée de son habitude de vue, l’attention s’en remet pour sa prévision, à l’aguet de l’oreille. Les objets baignent dans une absence – laitance ou latence ? et l’esprit d’hésiter : mais comment vais-je m’orienter ? Où est donc passé ce bloc qui d’ordinaire bouche le passage ? Me privant du plus large paysage ? Le bâtiment certes est escamoté : ce débouchage est approximatif car le regard ne débouche sur rien de consistant pour aller de l’avant. Gaz, volutes, vapeurs brouillent l’orientation. Une voix, un bruit de pas… Crissement de roulage, écrasement de feuilles, chuintement de l’eau… Le véhicule se découvrira porte ouverte pour une conduite à tâton sur la ligne blanchâtre de la chaussée… Jurons ! Y compris les relations, le brouillard brouille tout : jusqu’à notre joie d’ouverture à l’espace. S’en remettre au corps, alors ? Pour tenter en touchant de délimiter. C’est sans compter sur sa perfidie : moins dense que la fumée, il se joue des distances, reculant quand nous avonçons. Il est dans un double effet : trop fin pour nous aveugler de très près, il n’est écran que loin de la distance de l’écrin. Et pourtant dans sa capacité à détourer, il sait faire d’un détail, une pure intensité. Il régne non dans les coins, mais sur les confins : il s’épaissit dans l’infini !

Ecosystème du rêve, le brouillard absorbe : il prévient les angles de son coton, gomme les lancées de lignes. Tel l’esquisse, il suggère le monde coonu, intrigue l’indécouvert. Sur les montres intérieures, il amollit notre temps, dont l’aiguille hésite entre l’appréhension et l’émerveillement. En effeversence atone, la matérialité blanchie nous entoure d’ une evanescence  moussue, aspirant à l’aspirine, dans un bocal de vapeurs. Nous défaillons légèrement. Vaporeux, le béton ; éclaboussées de gaze, les vitres ; étêtées les tours dans leur plafond de coton. La ville s’ammarre aux fantaisies – chères à Fellini. Duvet lunatique, le brouillard fanstasque s’évase en crevasses. Par endroits, il s’effiloche, il fait des poches où les formes crument dévoilées, montre le monde tel qu’il fût, solide, massif, indestructible. Petit à petit : il nous est rendu.

Le brouillard est… ces mots hésitaient. Sur la peau l’odeur moite et acide. Dans son regard, la peur. Son cerveau lui semblait en fuite. Aucun moyen de remettre la phrase sur son ruban d’ordre. Jamais appris la gymnastique des synapses. Trop fatiguant. Comment réparer la fuite en avant ? Brumisation nerveuse, voilà l’impression impressionniste ? Conscience insaisissable. Les neurotransmetteurs devraient se disperser en un brouillon, bredouilla-t-il – euh brouillard par hasard ? Les yeux avaient beau constater, le corps sentir, la main saisir, le nez vaguement s’inspirer, rien ne venait. Dans les vaps, la pensée.

Ils me se parlaient plus. Tout le monde s’en était étonné. On les voyait auparavant comme cul et chemise. Une complicité si étroite les tenait, que tout le monde s’en sentait coupé. Ils se comprenaient sans même se parler. Tout le monde le constatait. Que s’était-il passé ? Pourquoi ce froid silence entre eux s’était-il installé ? Tout le monde en était intrigué. D’aucun frappait l’épaule de John , un grand gas bien taillé . Les filles prenaient des airs pour Pamela : allez, ne nous la fait pas ! on voit bien que ça ne va pas !  Il t’a fait plus que des avances, chuchotaient-elles en connivence. Tu l’as un trop chauffée ajoutaient les hommes à John sur un air de complicité. Non ! Répondez les deux à ses sous-entendus à leur goût trop biscornus. Ils ne s’entendront plus ! C’est ce que tout le monde en conclut. Pamela et john n’en pouvaient plus de leur familiarité malvenue.  Au bar, seul du village- le soir, ostensiblement, ils se tenaient écartés ;  quand ils se levaient tout le monde l’observait, leurs chemins dehors même se séparaient. Le mystère épaississait. Tout le monde regrettait, le temps de leurs amours parfaits. Car tout le monde aime à connaitre, des gens heureux , il faut l’admettre ! Qui n’aurait aimer s’entremettre, pour voir leur idylle renaître ? De quoi je me mêle pensaient ces deux là ! Nous vous stoppons halte là ! Agacés par cette insistance, Pamela et john voulaient tromper les apparences, pour vivre un peu en paix, sans leurs coups d’oeil rances, sans que tout le monde n’essaie à tout bout de champ de les épier ! Car les gens les gênaient avec leurs sourires et leur sollicitude marquée. Ils ont donc tout fait, pour laisser tous ces ringards dans le plus épais brouillard en leur faisant tout simplement croire qu’ils s’étaient et oui ! brouillés ! Mais je vous rassure, il n’y a là rien de vrai !

Ce sujet : romantique, le brouillard. Nappe de brume sur les étangs. Atmosphère  de Mystère ; tu peux le dire avec l’accent, de « hôtel du nord ». Tout ça c’est pipeau ! Voile et vapeur d’eau. Non la chanson médiatique, est répétive et funeste, telle que je la décortique. Accidents à répétition. Brouillard et verglas. Carambolage à cinq, trente cinq deux victimes – toujours de trop. Mais est-ce le brouillard ou la voiture la cause de l’accident ? Où celle de celui ou celle qui est au volant. Au volant, ce serait plus marrant, on pourrait en l’air d’un coup judicieux s’éviter au lieu de se foutre vraiment en l’air. Chaussée glissante, car le brouillard dès que ça touche la chaussée ça fait quoi, de l’eau qui gèle vite fait. Un suraccident a dit le procureur ; 50 véhicules percutés et un nombre de morts déplorables à la clé. Et les pauvres gens qui n’y voyaient goutte dans cette purée de pois ont voulu traverser pour se mettre en sécurité : bien sûr, les automobilistes qui continuaient de rouler, ne les ont pas vu et les ont percutés. Alors le brouillard, tu m’excuseras, mais Brocéliande et compagnie c’était bien quand on se promenait à pied ! Et encore dans les bois sur terrain plat. Bon, alors moi je dis : attitude et prévention : rester chez soi au chaud et regarder distraitement le brouillard s’étaler sans aucun risque de se vautrer ! Avec une bonne tasse de thé, c’est la façon la plus prudente de passer cette sale journée.

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