Le saviez-vous, il y a un pays qui s’appelle la poésie et ses habitants s’appellent les poètes. Le saviez-vous, les mots passent comme des courants d’air et parfois ils ne s’entendent pas.

« Moi, j’ai quelque chose de très important à vous dire disait l’un  d’eux » et il tapait du poing sur la table pour que tout le monde se taise pour l’écouter.

Mais la poésie ce n’est rien d’autre qu’un peu de vent, un peu de sel, du souffle  sur des mots qui sont des réalités abstraites.

Je vais vous raconter l’histoire d’un poète qui braillait comme un bébé dans son berceau. Ses parents accouraient, le berçaient puis le poète s’endormait. Tous les jours, le même cirque recommençait.

A la fin les parents ont dit au poète « D’accord tu existes, mais s’il te plait, exprime toi de façon que nous puissions te comprendre car les cris nous en avons assez, qu’as-tu donc de si important à nous dire ? Est-ce la faim ou le manque d’amour qui te démangent ? » .

Et le poète de répondre à ses parents «  Je voudrais exprimer tout ce qu’il y a en moi, je suis un être humain unique et j’ai, hélas,  l’impression de ne pas vous intéresser, vous vous occupez de moi comme d’une plante mais j’ai un esprit aussi ».

« C’est entendu lui disent les parents. Nous allons te laisser un coin de jardin et tu pourras cultiver des mots et faire des poèmes autant que tu voudras mais saches une chose, la poésie c’est comme n’importe quelle plante, elle a besoin de soleil et de pluie pour pousser »

L’enfant poète écrivit quelques mots sur un bout de papier et les enterra dans le jardin. Il avait écrit trois fois le mot amour et puis le mot arbre, et puis le mot esprit. Une année s’écoula et il ne voyait rien venir, pas la moindre pousse de petit poème en fleur.

Alors l’enfant reprit une feuille de papier, il écrivit à la plume plusieurs mots et pour une raison inconnue se mit à pleurer. Les larmes se mélangèrent aux mots  et il ne pouvait plus lire ce qu’il avait écrit. Les mots s’étaient noyés dans ses larmes.

C’est alors que le mot larme avança vers lui. Il se dessina sous ses yeux et se mit à danser, à faire des pirouettes et à descendre, descendre jusqu’à l’arête de la page, au bord du précipice.

Larme bateau, songea-t-il et dans un sursaut, il décida de se suspendre  aux lettres décousues  et de suivre le courant de la coulure  à l’intérieur de la larme.

Il couvait de ses yeux la larme sur la page : un mot et une chose. Quel bonheur de voir la larme écrite sous la goutte comme  si elle s’était dessinée elle-même.

Il ferma les yeux. L’encre et les larmes séchèrent. Il se remit à pleurer et à dessiner des mots qui se souriaient, animés d’une force étrange à la lumière de ses songes comme dans un bateau.

Une réflexion sur “Histoire d’un poète – Conte dédié à Vincent JARRY (Evelyne Trân)

  1. Très trés joli conte !!! Je vais le faire lire a mes élèves a qui j’enseigne le francais, ici a Houston. Merci pour ce morceau de reve et de poesie pour debuter ma journee !

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