Au musée des boules de neige, il n’y a rien pour le visiteur. Spéculations sur des reflets, vitrines à peine réchauffées de lueurs insaisissables, de couleurs évanouies, bleuies par la vapeur de nos respirations. Dans la buée cristallisée de nos expirations, un gemme, une pépite – de temps en temps – s’anime et fond. Au cinéma intime de nos instants aimés transparition géométrique en filet de neurones enchevêtrés, miroir où prend indice la retrouvaille, l’album des grands bonheurs et des acides déceptions s’anime dans son rayon. La jolie collection, bande aimée, histoire animée, frémit. Sacs de sourires chatouillés tout à coup décongelés. Tout est recomposé, par la mémoire faussaire – trop artiste. Dans la salle où plus rien ne se montre, le temps floconneux prend la consistance de l’espace. Fondues dans des envolées de feuillets de retour en arrière, il y a glacées et transparentes, les années. Les cristaux de la mémoire fleurissent géologiques dans des cercles striés de blanc. Dans des carambolages d’horloges en points d’origines décalées, les amoncellements de leurs aiguilles tentent de se mouvoir, mais s’empêchent mutuellement. Au musée des boules de neige, les trajectoires sont en pointillées, les impacts éclaboussures blanches, sur des mannequins en mouvements arrêtés sont toujours détrempés. Ils empestent le cuir mouillé. Les corps sont stoppés en poses photographiques mais déséquilibrées (à l’évidence sous menace de chutes). Prise de mémoire instantannée pour retouches maniaques au fil des années, l’image du bonheur s’est glacée. Dans le musée de boules de neige s’égraine sous nos yeux un collier d’instants répertoriés, parure en résumé, sautoir de destinée. La ronde des souvenirs dicte la forme où l’intime est bien plus fort que les évènements répertoriés de nos CV. Sur ce dernier, mi volonté, mi hasard, les échelons imaginaires placent chronologiquement une ascension dont le seul intérêt est de faire de la place. Place à la vue, dégagement de la glue, de l’amoncellement illisible des détails. Sur ce belvédère pour analyser la situation, nous escomptons. Une vision ! Nous travaillons, une harmonie de vie dans le plaisir d’être meilleur instrument à soi-même. Curriculum revitalisé. Au musée des boules de neiges, projection d’une vitre vers celle de l’autre, sauts de génération mise en abîme de Breughel à Megèves, de la chausse alerte… à la combinaison intégrale. Le geste de lancer dans la comédie de toucher/lancer/viser – tuer et rire – pour s’ébrouer ! Au beau milieu de la vitrine, vous remarquez une vieille racine, oblongue, dont l’initiale couleur carotte tire maintenant vers un gris délavé, piquée de rouille. Carnavalisation, de la chasse à la ripaille, j’lai eu ! gelés, restes du bonhomme effondré sur place, cible des sarcasmes ronds et frappés, à leur tour dissipés. Boules givrées de ton regard flottant sur les vitres, dont les reflets perdus signent la fonte des temps. Au musée des boules de neige, suave et fondante, l’acmé d’une nuit ou d’un après-midi d’amour. Boule de draps encore tendre dans l’anonymat de la chaleur ouverte de paumes en baume sur l’intégralité du corps et de la rencontre intersidérale de deux consciences palpitantes de plénitude. Autre petit moteur latéral de la fusée vitale dans la trajectoire de soi vers soi, dans l’exploration du monde, l’amour charnel, réservoir d’énergie, butine l’espace intime et, magique se pose sur la relation à autrui. D’un coup il étoile les instants de contact, et fait un trou dans le continuum emmerdant de l’espace temps. Folle farandole, fantaisie brillante, lampion de la nuit allumée de pleins jours, sur une musique tendre de roulis. Gourmandise inoubliable. La fonte sentimentale croît en courbe de fidélité assymptotique au plateau d’accomplissement. Etirée à l’infini. Au musée des boules de neige, l’art de la complicité dans le fric frac des préparations s’accomplit dans les vraies collaborations joyeuses et débordantes, pêche et chasse le carré des lumières, la ride plus expressive du bonheur à se sentir connecté. La découverte des traits, expressions, idées bref du monde de l’autre –de ses conceptions, tinte, joyeuses cloches dans nos esprits amis. Cascades de raccourcis, jimcanas d’esprit, pirouettes et envolées nous ébahissent. Joyeux dans la confiance, la vitesse, la surprise, le plaisir jongle de reflets en reflets irisés. Au musée des boules de neige, la blancheur se surpasse, tout se dévoile, la transparence est telle ! Le mystère a repris les plis noirs de sa ridicule robe bouffante pour courir disparaître au plus lointain du point de fuite. L’air est pur, les cristaux se donnent la main et couvrent petit à petit l’image en un joli dessin, réseau … Pensées, souvenirs, amitiés, la vie est réussie… Share this:TwitterFacebookWordPress:J’aime chargement…