« Un si doux matin de printemps… » par Patrick Aspe
L’assaut
« l’attaque est prévue en fin de matinée il y aura une préparation d’artillerie avant, on commence à distribuer de l’alcool aux hommes dans les tranchées de 1ere ligne, les hommes sont ivres, ils n’attendent pas, montent à l’assaut…c’est un carnage! Devant moi un homme au sol hurle il n’a plus de jambes ! »
Anselme Martin
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J’hurle la peur
j’hurle ma peur
comme le sang dans mes boyaux
l’aube pue
puanteur
l’horreur est devenue une habitude
comme nous
nous habituons aux rats
aux merdes aux asticots
aux sifflements sourds des obus
au froid
à la terreur
les guêtres de l’adjudant sont pleines de vermines
ils les portent depuis bien plus de trois mois
et moi
j’éventre avec ma baïonnette étoilée de miracles sereins
des enfants incertains
les barbelés ne me griffent plus
le pain est une illusion
le vin une passion
mais la ‘‘Peur’’
sais tu toi l’ami lointain ce qu’est la peur
d’une balle en plein front