Qui dit bruit dit silence, ça va de l’un à l’autre et parfois ça passe du bruit à la fureur puis de la fureur au silence. De plomb et d’effroi. * – Chut! Ça risque de s’ébruiter si on ne reste pas discret. – Il ne faut rien dire alors? – C’est peut-être préférable oui, de garder le silence. – Oui mais il y a des silences qui parlent. – Que faire alors? – Continuer comme avant. De toute manière, on ne peut pas empêcher les bruits de courir. – Vous avez raison. Musique pour tout le monde!
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– Le problème avec le bruit c’est que ça s’entend. – À la bonne heure! – Il faudrait inventer des bruits silencieux, oui des bruits qui ne s’entendent pas à l’extérieur. – Des bruits intérieurs? – C’est ça, oui, des bruits qui ne s’ébruitent pas. – Y a qu’à capitonner l’intérieur. – j’ai essayé mais ça finit toujours par se propager. – Y a qu’à délocaliser l’extérieur. – Bonne idée, je n’y avais pas songé. – Du coup les bruits resteront chez nous, ça évitera les rumeurs, les manipulations et autres coups tordus.
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La musique, c’est du bruit qui pense, qui fait penser.
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Dans ce silence sidéral, j’étais à l’affût du moindre bruit, du moindre signe qui pût me laisser croire qu’il y avait encore un peu de vie. Je tendais l’oreille, jour et nuit, guettant le bruit le plus anodin, le plus banal, mais en vain, rien ne vint, j’étais condamné à vivre dans ce silence abyssal qui me plongeait progressivement dans une profonde léthargie. Le silence imposait sa loi et de façon sournoise me retirait la vie, jusqu’au jour où, dans un demi-coma, j’eus la sensation d’entendre des gouttes d’eau qui clapotent et qui m’invitent délicatement à renaître à la vie. Toc…toc……toc……..toc…………toc………………toc…………………………toc………………………………………….Puis de nouveau le silence.