Regards = Dans l’oeil des silences, les mots se glissent
pour caresser les tentations des images…
« » »Voir – traits tirés sur l’oeil ouvert – voir
au fond de ton regard
je revois
– revoir l’enseigne qui clignote à mille à l’heure, le rouge, le vert, les jaunes en dégradés, la nuit chargée d’humidité transparente se glisse sous la peine même du labeur, chaleur sueur – voir – le regard glacé
– la rue luisante des hommes qui cherchent des femmes qui cherchent des hommes et des femmes des femmes et des hommes des hommes étranger transgresser le marché des ombres,
ne rien savoir de sa chaire,
– de sa chair
que la tranche vive,
les gens de la place d’arme,
les magasins fermés,
les bus à l’arrêt,
et cette enseigne qui défigure les paysages –
un garage oublié
– dans tes yeux – les jambes me tendent leurs bras à bout de bras et de moi-même
– un bain
– un bain maure
– l’ivresse aimable interdite des domestiques qui te portent le serviettes parfumées
– l’odeur d’eucalyptus
– vers vingt trois heures huit – ce regard triste
– les mendiants grouilles sur l’incertain
– inventaire inversé
– l’eau glacée
– les glaces embuées
– vitrines défaites
– j’imagine ses seins tendus comme des espérances
– vulgaire des incertitudes
– cette enseigne que veut-elle dire
– ici je ne comprends rien
– même les sourires sont des langages inconnus
– non je ne baiserai pas
– pas ici
– ventres fluides de la faim
– des paysannes vendent de petites bananes qu’elles portent dans des balanciers
– la nuit sort du fleuve
– tamisée des odeurs de poissons grillés
– je veux une bière
– une autre
– du jazz pour effacer ses musiques criardes
– rituel
– le voyageur tire son briquet
– un cahier rouge bordé de gris
– le Mémorial de l’Ile Noire de Pablo Neruda
– il écrit – je suis
– conserves vides
– ma pierre
– mon sable et le venin…
– Voir – traits tirés sur l’oeil ouvert – voir
au fond de ton regard
je revois l’oeil affamé… » » »
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