Cette courbure en bas des reins, cette allure, je presse le pas, la foule est dense, j’hésite, je veux et ne veux pas savoir, je ralentis, elle est à ma portée, à portée de regard, il suffirait que j’accélère un peu pour voir son visage. Subitement elle tourne, disparaît de mon champ de vision, je sens battre mon cœur, je la perds, il faut que je la rattrape, je veux y croire, il y a d’autres couloirs, c’est une immense toile, et je cours à droite puis à gauche, je ne sais plus, mon cœur s’emballe et ma tête et tout mon être. Ne sais plus où elle est passée, je l’ai laissée filer, c’est comme ça à chaque fois, je veux et ne veux pas savoir. Et tandis que je parle elle a disparu.
Et je reste avec cette impression d’elle, je l’ai perdue encore une fois et ne saurai peut-être jamais quel est ce visage dont l’empreinte me hante.
François Minod, Au fil de l’autre, Editions Hesse 2008