à Catherine Seghers
Entre les doigts une rivière
Temps infinis à regarder
Entre les doigts
Entre les mains
À regarder
Brouillard de soie
Un cri du bleu
Un potiron sur la misère
Les fleurs des lys
Pendent mortelles
Couleurs jaunies entre les doigts
Une rivière
Lourde en remords
À gros bouillons cogne les paumes
Un chant sacré hurle au tympan
Une voix
Seule
Tinte
Cuiller d’argent
Temps infinis à regarder
À oublier
Visage et mots
Car un visage
Tel un lutin
Tend un sourire
Une herbe pâle
Et tu regardes rivière visage
Les maux laiteux et les remous
La terre est ronde
Les mères oublient
Sur un fil court un humain
Court tête basse
Et qui regarde entre les doigts
Entre les pieds
Le fleuve gros
Court tête basse
Et l’homme court
Et il regarde entre les doigts
Entre les pieds
Devant lui un château de cartes
Château-colline en éventail
Il s’en approche tête penchée
car où aller
Aller au ciel
S’il le pouvait
Mais il le peut
Juste au-dessus
De ses pieds
De ses mains
De son crâne
Un cerf-volant
Un ange blanc
Mais il regarde
Entre les doigts
Entre les pieds