– Tu as vu cette femme ? – Oui et alors ? – Magnifique, non ? – Que lui trouves-tu ? – Les canons de la beauté, tous. – Ces fameux canons … – C’est une expression ! – Pour désigner ce qu’il faut avoir pour être en beauté. – C’est ce que l’on dit. – Encore une œuvre de ce «on ». – .. – Et moi, me trouves-tu belle ? – Bien sûr ! – Et si cette femme était assise à ma place, lui dirais-tu que je suis magnifique si je venais, comme elle, à passer devant toi ? – Oui, certainement ! – Et que je réunis tous les canons de la beauté ? – A coup sûr ! – Alors pourquoi ne me le dis-tu jamais ? – Parce que ce qui est évident ne se dit pas. – La beauté de cette femme ne serait donc pas évidente quoiqu’en dise le « on » des canons … – Je ne sais pas, et après tout qu’est-ce que la beauté ? – C’est à toi de le dire, toi qui donnes du canon en la regardant. – C’est ce qui ravit les sens ou qui dégage de l’humanité pour ce qui est de la beauté intérieure. – Je l’oubliais celle-là, le lot de consolation de ceux que les canons n’ont pas atteints ! – Non c’est la beauté qui sait exister sans se montrer. – Alors pourquoi ne me dis-tu jamais que je suis belle intérieurement ? – Parce que cela supposerait que tu ne l’es pas extérieurement. – Donc tu me trouves belle … – C’est évident. – Et si cette femme se trouvait assise à ma place, lui dirais-tu qu’elle est magnifique ? – A elle non plus. – Tu serais impressionné, c’est cela … – Oui, certainement ! – J’en déduis que face à moi tu l’es aussi. – J’en déduis que je me suis fait piéger en beauté… Stan Dell Juin 2013 Share this:TwitterFacebookWordPress:J’aime chargement…