Si, le jour de vos noces, en rentrant, vous mettez votre femme à tremper la nuit
dans un puits, elle est abasourdie. Elle a beau avoir toujours eu une vague inquiétude…
« Tiens, tiens, se dit-elle, c’est donc ça, le mariage. C’est pourquoi on en tenait la
pratique si secrète. Je me suis laissé prendre en cette affaire. »
Mais étant vexée, elle ne dit rien. C’est pourquoi vous pourrez l’y plonger
longuement et maintes fois, sans causer aucun scandale dans le voisinage.
Si elle n’a pas compris la première fois, elle a peu de chance de comprendre
ultérieurement, et vous avez beaucoup de chances de pouvoir continuer sans incident
(la bronchite exceptée) si toutefois ça vous intéresse.
Quant à moi, ayant encore plus mal dans le corps des autres que dans le mien, j’ai
dû y renoncer rapidement.

Henri Michaux
La nuit remue in Œuvres complètes
Gallimard, La Pléiade p. 432

Laisser un commentaire