L’intime évoque pour moi la notion de jardin secret, pseudo-espace intérieur conceptualisable à défaut d’être dévoilé sous peine d’être détruit.

On parle sans cesse de l’ouverture au monde, sous-entendu au monde extérieur ; or, l’ouverture au monde intérieur de l’intime est pour moi tout aussi importante. J’entends par ouverture la connaissance, la reconnaissance, la tolérance  et la jouissance de ce monde intérieur.

Ce texte est avant tout fait de symboles traduisant des ressentis très personnels.

 « Dérobades hors du temps, ruée vers l’or en balades, rêveries sans raison loin de nulle part, errance dans l’intime secret de mon jardin.

Ribambelles de surelles, folles caramboles et fruits défendus aux noms pourfendus colorent l’arbre de mes envies. Son écorce épaisse tait les sons lourds d’une sève que puisent les racines de mes croyances au sous-sol de mes angoisses.

Les herbes insolentes de mes pensées épient les chardons gris du parterre de mes haines. Hors cet émoi rampant, une fleur trémière élève le rose de mes passions, une narcisse ose la menace de mon moi. Rivalité florale à en perdre les pétales.

D’un passé sans dates et d’un futur en doutes, l’histoire y écrit ses lignes de vie d’une main tremblante d’espoirs. L’eau qui file dans le cours gros des années perdues tel un fil tendu à la patte du temps n’est que leurre de la vie qui passe.

Mystère sans nom connu, exil cent fois couru, possibles sans loi d’élu. Paradoxe existentiel, dans ce monde interdit, vous y êtes obsessions d’amour éruptives, proies lascives d’une lave avide ou évaporations au vent sans pitié de l’oubli.

Odyssée d’un bonheur insensé, hologramme de pensés mouvantes, intrus en tout, infus de tout, l’intime secret de mon jardin, gardien du sens de ma vie. »