Le son d’un mauvais rêve
A l’instant échappée d’une battue,
Je m’écris à l’encre d’un mauvais rêve,
va-t-en lui crié-je, c’était à la cambrure, le son
diurne d’un rapt, avant le jour.
J’hurle à la vision d’un battant, souffle de viol, on en veut
à mon homme
à sa voilure. Je lui crie viens auprès de moi, reste là,
tout contre
Je crains le rapt d’avant l’arrivée du jour,
Apostrophé, Hémère se retourne affublé d’une menace,
me lance At’Terré qu’un jour en plus d’une fuite au loin,
rien ne menace, sauf un signal ne servant qu’au son
qui passe.
Seul, retentit dans l’intervalle le derme vibrant
à l’ouïe fine d’un paysage intérieur. Je demeure là sans secours, sabordée à l’instant d’un coup sonné
à l’abrupt. Captive entre deux je résiste, indemne
Battue à nouveau tandis qu’à ces paroles, je suis souffle bloqué dans l’attente d’un second glas, je me sens rescapée d’un accès, quand s’annonce tonitruand l’éclat d’un appel carillonné, le même qui me perce cinglant en rêve
depuis l’enfance
Laisse-moi, je passe, dit l’Heure pour m’apaiser. Parole d’Hémère, face à lui au dos de qui ….
Je tremble encore.
Pourquoi pas une fois encore, comme à l’épel du shofar
afin de se souvenir ?
Il faut un son de plus pour entendre le précédent, un jour, puis deux…profondément sombre, de mémoire en mémoire.
Au cri d’un dessin arraché à l’effluve d’une durée retaillée,
Je me vois à l’envers me retourner, comme si ma voix sortait de la balle comprimée de mon propre souffle, voir et disparaitre ?
J’improvise abécédaire l’incendie au verso d’un temps rompu à l’antre d’Er, arrêté en plein tunnel, là où s’assombrit le pli j’écris, entre forces contraires, cette fraction d’un rien qui tracte entre les lèvres ce qui me pousse derrière et ce qui m’arrête devant, lui, Er en personne.
Il me regarde, à cette heure sonnée de furie, déjà mort.
Ennemi de face, intime au for intérieur, du nom de guerre aujourd’hui, dédoublé sans esprit, abcès de stase. Je crie
Afin de sortir de ma nuit au signal voulu d’un battement,
A la noire, c’est la mère là-bas, son bord, Hémère que j’appelle
Ou la langue, à l’instant rescapée elle aussi, d’une battue qui claque à l’étouffée de son timbre et revire drapée d’un linceul au tournant d’un pli.
Elle cesse ici de s’écouler du flux du Styx, trans-paraissante, mais s’évase là, à la goutte d’une larme, à plat d’un vide,
au lieu sans liaison où l’éphéméride fige un jour d’absence d’une mauvaise série noire
elle paresse, à contre-jour, malencontreuse,
Car au message, parti d’une émotion tarie
manque l’antenne, sous le dais qui couvre mon corps-âme cette nuit,
tant que l’Aleph du jour n’a pas commencé, suspendu
au premier signe, reste en toi la braise
d’une lettre d’amour,
celle-ci non parvenue se passe bien d’un retour d’éternité,
à l’ éternel instant d’une disparition, en instance d’une ténuité revécue, survécue dans l’urgence
Il reste que le son d’une fois, à l’air de ritournelle, ne peut, tenu en apnée, durer pérenne, et l’Autre s’emparer de mon sommeil, au coup suivant d’une corne de bélier, entre poussée et mur d’obstacle, et m’essouffler à en hurler
à-même la tige d’un pendule au retour du doigt d’Aleph, profilé au clic
sans déclic d’une muse interdite, le choc
et sa morsure à vide, hors temps.
Eph’Hémère dès lors n’est plus à la cadence de l’heure mais reviendrait ce temps d’arrêt, cyclé, dont l’image mobile tracerait le signe à la hache
d’un coup du sort, tandis que, au journal d’une déesse
au geste fini viendrait à manquer la dimension nécessaire d’un métronome, pour scander
une fois prochaine, l’heure dite d’une annonciation.
L’Eph’hémère tout le jour file d’un air absenté en plein milieu, fleurit s’éteint entre-deux, poussé d’arrière en obstacle devant, soit dit et redit, à la stance d’une tenue intervallaire, peut-être, d’une fuite de lumière par où
le temps s’est induré d’un éclair d’armes
au son timbré d’un combat avec moi-même.
Eph’ vous là-bas ! N’emportez pas mon rêve au loin de moi, volé, il me revient de plein droit ! Dé- serrez le cri d’appel,
du fond de gorge qui, essoufflé de menace entre poussée
et mur d’arrêt, gronde sans voix, à l’étouffée du vent contraire ! Laissez-moi battre jusqu’au ton suivant d’une joyeuse survivance !
Fin de série, la noire,
C’étaient juste les cloches, le son des cloches, l’une d’elles arrêtée net aux persiennes de mon village un jour éclatant d’été.
Petite, étouffée, dé-voisée, ma voix invaginée de petite fille appelait en vain ce souffle à redevenir mien à respirer, deux-en-un pour commencer !
Instant sonné à l’apnée d’une bande-son, j’écoutais
en protension, cette seconde rescapée, à l’horizon, re-vivre, oui, la vie d’amour jouée à même toi, mon torse d’amour à peau douce d’homme mien dont la respiration à l’entrouvert m’inspire ce rêve d’infime suffocation, appelle-moi
car j’aspire à sortir de de moi !
– Eph’Hémère, pour clos d’Iris, tu m’épelles une fois encore
sans métronome, tu montes et redescends irisant
les persiennes maintenant refermées de mes yeux, enfin paix sur mer,
je te suis me sentir.
Antonia Soulez,
23 avril 2022
( bribes de sources : le mythe d’Er de Platon, « Er » de Kafka « combat avec moi-même », Deux-en-un cf. H. Arendt, in La vie de l’esprit)