Avant de se fondre à la mer
De s’évanouir à leur embouchure
Les fleuves transhument avec lenteur.
Aux deltas s’attardent en sentes molles
Hantées de bêtes minuscules
Leurs nostalgie de la source et velléités de retour.
Seule la hauteur permet aux observateurs
De déchiffrer les traces fossiles
De ces détours, ces réticences
A la fonte irrévocable des cimes
– Autant que des mirages.
A l’appel du sel, leurs douces eaux,
Elles, se jouent de l’élémentaire
S’exaltent aux métamorphoses.
De lits de fortune
Elles se colorent,
Sable blond, limon noir.
Aux aubes enflammées
Impatientes d’entrer en scène,
Elles offrent en répétition leur miroir.
Tamisées de lumière
Déjà retirées de la terre
Elles s’élèvent en fugitive buée.
Voyez, de la bouche des fleuves graves
Les eaux de la terre métissées d’air et de feu
Glisser avec aise à la mer toute vive.