J’aimais les cahiers de brouillon
On avait le droit de raturer, de gribouiller…
On n’arrivait pas à se relire
C’était des cahiers flous
Des cahiers bizarres
J’appelais ça mes cahiers de brouillard
J’y dessinais des sorcières qui ressemblaient à ma mère
Des fées qui ressemblaient à la mère que j’aurais voulu avoir
J’y inventais tout un tas d’histoires
Qui ne tenaient pas debout
Et me tenaient debout
Puis je passais et repassais la gomme,
De l’autre côté du crayon à papier
Pour me faire croire qu’on peut tout effacer
Et tout recommencer
Je soufflais sur mon cahier de brouillard
Regardais les petits bouts de gomme s’envoler
Et avec eux mes petits secrets, mes grands secrets
Et mes secrets de taille moyenne
Il en restait de vagues traces, impossibles à effacer
Sur mes cahiers de brouillard
Et dans ma mémoire