L’éphémère
sonne pour moi comme l’Écartelé
En moins abrupt
une comptine plus douce
en laquelle croire
le temps de la conter
Je compte c o m p t e
je conte c o n t e
tu comptes c o m p t e s il conte c o n t e nous comptons vous comptez
jusqu’à 10 jusqu’à 15 jusqu’à 100 120 peut-être
Tout s’arrête
Le temps
s’est écoulé
Le sang s’est figé
Le sens aussi
Y en eut-il jamais ?
Autre que celui de la présence observante
bienveillante vibrante
presque tous les participes présents pourraient ici convenir
c’est-à-dire venir avec
se rassembler participer _encore_
dans l’euphorie de l’être
du croire
toujours
enfin toujours…
Quelques heures quelques jours quelques années
rien
Toi la terre 4,6 ou 7 milliards d’années ?
Moi humaine écartelée
vivante presque morte
presque absente déjà
Et pourtant
Tout est dans le pourtant
J’écrirai « éphémère et pourtant »
Écartelée de chair et sang
les os brisés
et pourtant
Alors joueuse menteuse et scintillant de ce flux invisible qui court
juste là
sous une mince couche de derme
sous le tapis clair de cellules muettes
comédiennes persévérantes
Et comédienne
comme elles comme toi comme lui
j’effleure l’infini
délire
scrute dévore
avec l’ardeur de l’amoureux
le bal du vivant qui ne cesse à le contempler
Et je m’enivre
oublie l’extrême
cours dans le ciel d’étoiles
plante peins construis
l’Éphémère
statue labile du miracle
me tient désormais lieu de père et de mère
Et mon enfant sera le mot
sa quête
la lumière miroitante qui perdra Libellule
le flot de moires froissées
ce tapage des sens
le leurre
la grande perdition
jouissance ou Passage
saut de la mort
mangée
par inadvertance
Là-bas les manchons éclatants
des fleurs de cerisiers
jusqu’aux brisures de l’aube
Le gel est annoncé
Leur brûlure et/est leur mort
Un souffle
traverse
Le soleil arde blanc
Absolu