III

La pluie est venue lentement

Sur la citadelle

La vallée résonnait du glissement des eaux.

La brume instaurait le silence

Au loin, le ciel s’appuyait sur les crêtes

de toute sa masse d’ombre.

La mémoire des pierres restait intacte,

Figée dans le vide du temps.

Là-bas, à l’entrée de la vallée le pas des chevaux

S’était ralenti.

Le cavalier avait hésité à franchir le seuil.

On l’observait.

Les guerriers guêttaient les signes invisibles du combat

Pas une marche de la haute citadelle

Qui ne soit à conquérir.

Les vautours attendraient avant de s’abattre

La nuit venue.

L’aube glacée effacerait l’odeur du sang.

Dans l’anfractuosité des roches

Les momies bercées d’éternité

tournaient leurs orbites vides

Vers la vallée.

Les eucalyptus ployaient doucement

Au passage du vent.

***

Traces

IV

Un passage est ouvert dans la roche

Où s’engouffre la nuit basaltique.

Creux d’oubli où s’élaborent les signes.

Vibration perceptible de la pierre.

La lumière n’y pénètre que par effraction

Comme les voix soudain absorbées

Creux d’ombre où meurent les gestes.

Trame infinie du silence.

Alors renaître au jour déjà finissant

Franchir le seuil intangible et muet

Deviner à l’horizon la course du vent

Oser un instant défier l’éternité.

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