Son vol tout soudain suspendu
Tu le devines au seuil
De quelque souffle
D’un parfum.
De la gorge invisible
D’une corolle des champs
Tu pressens l’accueil
Charmeur et capiteux.
Halte terrestre ou aérienne
– Qui évaluerait telle pesée
Au cœur de la fleur ? –
Avec ardeur il se repaît
D’un suc imperceptible.
D’élan conquérant, point
Car il est juste de passage
Volage, volage…
Pauses sans calcul
Frissons insouciants…
Il dérive, dérive
Hors plan, hors page.
Tu évalues sa trajectoire
Tel un astrologue
Décans et ascendants.
Ailes ouvertes, ailes fermées
Empreintes silencieuses et fugaces
Sur les tremplins de l’air et des jardins.
Tu les recueilles éperdument
Dans les filets de ta poursuite.
Tu consignes et tu élabores
Leur trace poudreuse
Leur chatoiement fragile
Dans les croquis de ta mémoire.
Puis tu assembles tes calques
Diffractes les vides
Ponctues d’écailles pérennes
Ce qui a fui et tes oublis.
Minutieuse, tu épingles ce vol
La geste solaire d’un papillon.