Gérard Mottet

 

Il te faudra gravir encore cette pente

et qu’il pleuve ou qu’il vente

ne te retourne pas

tu n’auras d’autres larmes que la pluie

d’autre habit que le vent

d’autre chemin que l’espérance

et tu marcheras seul

dans le dénuement de toi-même

sans autre souvenir que ta propre existence.

 

Tu as déjà beaucoup marché

sur les cailloux blessants

sous le soleil et sous le souffle des étoiles

tu as les pieds en sang et le cœur angoissé

tu as laissé derrière toi les derniers arbres

les dernières maisons    les dernières fumées.

Tout va se résorber bientôt dans les brumes du temps

et jusqu’aux traces de tes pas

à cette heure la solitude est ta seule compagne.

 

 

Pour autant ne ralentis pas tes pas ultimes

dans les escarpements du temps

bientôt peut-être devant toi se dressera

la blanche éternité des cimes enneigées.

Alors tu ne seras plus seul : t’accueilleront

toutes les fleurs rêveuses des montagnes

tous les bleuets et toutes les gentianes

et lentement le soir   comme un enfant bercé

tu entreras dans le silence et le repos

 

d’au-delà de toi-même.

 

* * *

 

Poème extrait du recueil

Par les chemins de vie (Editions Unicité, 2017)

 

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