Un point fixe. Non, une ligne. Une mouvance prise entre deux feux. Le vert grimpe à l’orange et bute sur le rouge. Il ne peut s’en prendre qu’à lui-même ! Vite, prendre la tangente. Se faufiler là où il y a encore du sol. Tracer la diagonale et avancer ses pions au pied des grandes équerres. Une tour peut cacher un fou… Détecter l’angle mort, la zone aveugle. Assembler un ciel pour abri et se tenir droit au bord du vide. Tout le monde pensera qu’il s’agit d’un pont. Tourner le précipice dans le bon sens et laisser monter le vertige. Tenter de s’atteindre puis grandir le long d’une exclamation. Ne pas se réduire à un spéculateur novice. Ne pas se contenter des protubérances narcissiques de l’entre-soi. Reprendre son souffle et injecter l’argument. Le saisir au tournant puis découper la planisphère selon les pointillés. Chaque pas isole une parenthèse dans le soliloque. Consulter rapidement son homologue pour ouvrir un point de départ et éviter les impasses. Ne pas rester sans stèle fixe. Astiquer son coefficient d’érosion et emprunter la trajectoire de la mémoire. Reprendre la route en sens inverse, puis, à 800 mètres, couper la ligne. Le souvenir barre la route. Plonger dedans par borborygmes espacés. Amorcer le virage de sa vie en s’accordant un peu d’estime. Acquérir de la maturité pour établir un plan. Tenter de se retrouver en face de soi et définir sa solitude. Aménager un dispositif adéquat avec circuits auto-modifiables. S’accrocher aux ondulations d’une passante sur les Grands Boulevards. Distinguer dans la nuit des portions d’existence. Le bonheur finira par se faire une maison. Eriger la ville en décalcomanie. Ne pas se perdre, en faire une copie. Reprendre tout à la ligne, à la lettre et gommer les panneaux inutiles. Dans la carte, reprendre la route pliée en quatre. Présenter ses respectueux souvenirs aux irréfutables horloges de sel. S’y prendre suffisamment à temps ! Agrandir le récit et recenser les pas encore à fournir. Calculer ses échéances aux carrefours qui attendent et reprendre la conversation. Déchiffrer les incertitudes au cantique des quantiques et étendre l’écho à la terre entière. De l’autre côté de la ville, le long de la Seine, pêcher la solitude à l’épuisette. Emprunter le plus droit chemin et être sûr de n’y rencontrer personne. Telle est la meilleure formule. Donner rendez-vous à son monologue préféré et épiloguer un colloque. Enumérer la biographie d’un songe dans l’ordre puis, de ses mémoriaux, faire des monuments. Soigner l’épitaphe, habituée aux réminisciences ! Longer les allées, se recueillir sur les architectures futures et acheter un horizon en promotion. Laisser la boussole avoir lieux d’être et apporter ses propres murs pour protéger le temps qui reste.
Anne de COMMINES