La cruauté, du latin cruor d’où dérive crudelis (cru, non digéré, indigeste) désigne selon le philosophe Clément Rosset « la chair écorchée et sanglante : soit la chose elle-même dénuée de ses atours ou accompagnements ordinaires, en l’occurrence la peau, et réduite ainsi à son unique réalité, aussi saignante qu’indigeste». Une fois ce rappel étymologique effectué et en marge des contributions écrites, la soirée fut animée de discussions vives. Il faut dire que la difficulté à circonscrire le thème est due au fait que la cruauté, étroitement liée à la violence (physique ou/et psychologique) est au cœur de l’humain et à ce titre interpelle chacun d’entre nous, en tant que personne.
Les références à la cruauté sont innombrables et balaient aussi bien le champ des sciences humaines et sociales que celui de la philosophie (Freud, Primo Levy, Clément Rosset – entre autres) et de la littérature (Sade, Artaud, Mishima, Agota Kristof – entre autres) sans oublier la peinture (lire le texte d’Agnès Adda à propos de l’exposition Francis Bacon) et le cinéma (cf le dernier film de Guédiguian sur la cruauté du système ultralibéral : Gloria Mundi) évoqué par Isabelle Minière.
Ayant pris acte du fait que la cruauté était un marqueur indélébile du comportement humain s’exerçant à titre privé ou dans le cadre de groupes organisés ou de systèmes idéologiques, religieux, totalitaires voire ultralibéraux, il parait important de souligner que la cruauté est présente au plus profond de notre psychisme et reconnaitre ce tropisme intrapsychique permet de le sublimer et notamment par l’art. C’est en tout cas la conclusion que je fais dans l’après Buffet littéraire.
Laissons maintenant la parole ou plutôt la plume aux contributeurs :
– Nicole Goujon a écrit et lu un texte de sa composition Histoires crues
– Isabelle Minière a écrit et lu un texte de sa composition Cruella
– Bettie Nin a écrit et lu un texte de sa composition Papiers pliés
– Danielle Marty a écrit et lu un texte de sa composition A tire d’aile
– Agnès Adda a écrit et lu Présence projetée – Francis Bacon
– Isabelle Camarrieu a écrit et lu deux textes de sa composition Enfant adolescent et Baroque
– Serge a écrit un texte (sans titre), lu par Danielle Marty
– Francis Berthelot d’Azay a lu et écrit un texte de sa composition
– Alain Minod a fait une improvisation sur le thème de la cruauté (non enregistrée)
– J’ai lu un extrait d’une nouvelle de Jenny Collin L’abattoir
Après cette soirée riche et animée, rendez-vous fut pris pour le prochain Buffet littéraire, le jeudi 16 janvier. Le thème retenu est L’EVEIL
Salutations littéraires et poétiques… et bonnes fêtes de fin d’année.
François Minod