Prendre encore un crayon,
Pour disserter sur la paresse ?
Plutôt prendre un rayon
Pour déserter avec allégresse
Toute vaine prétention !
Des vitamines fixer au soleil
Plus que d’objectifs s’engouer…
Faire un sacrifice au sommeil
Flâner en esprit, ou musarder
S’allonger tel un lézard
Fermer une coquille d’oeil
Au milieu de tout un bazar
Piquenique sous les tilleuls ?
Lit effeuillé d’oreillers ?
Couche duveteuse où se lover…
Tous les muscles en apesanteur
En mi-spéculation appareiller
Un sourire aux délices des lenteurs
Pour d’informes songes s’abstenir…
De velléités de quelconque ardeur
Enfin se laisser assoupir.
Hypnose des bords du monde
Oublier jusqu’au désir.
Valser aux confins des ondes.
Sans corps, pensées ni volition
Être à soi, univers d’eaux
Flottantes. Inertie, abolition
Se bercer danse de radeau…
Voir des tableaux végétaux
Humer des mets ingoûtés
L’oeil sur la lumière, clos
S’alanguir à de floues voluptés…
Synesthésie de l’indolence
Flemme, aboulie, abdication
Déguster la douce résistance
Fructueuse apogée d’inaction.
Du sang, le rythme pour musique
Dans la tiédeur, la peau adonnée,
S’enliser tel un alcoolique
À sa torpeur, endoctriné. (affectionnée)
Elle apparaît sans cesse pour peu, qu’avec prestesse, elle puisse se planquer, ou prendre, la drôlesse avec souplesse et un poil d’impolitesse, de vitesse la part – quelle prouesse ! – de la peine de son emploi. Forte de sa faiblesse, elle paralyse avec adresse, toute organisation, épiant tout progrès pour le torpiller de son inaction. Archiduchesse de l’expédition expresse du trépalium plein de rudesse ; et puisque rien ne l’empresse, elle sape tout plan sans aucun stress. Vite, elle se désintéresse, ne prépare ni ne prévient, ne répare ni ne revient – diablesse ! – sur le produit : elle pratique la désertion, avec allégresse d’application, sa seule sagesse : la procrastination !
Isabelle Camarrieu
Pour le buffet littéraire « La paresse »
Titre : Épitaphe d’un paresseux
Poète : Jean de La Fontaine (1621-1695)
Recueil : Poésies diverses (1695).
Jean s’en alla comme il était venu,
Mangea le fonds avec le revenu,
Tint les trésors chose peu nécessaire.
Quant à son temps, bien le sut dispenser :
Deux parts en fit, dont il soulait passer
L’une à dormir et l’autre à ne rien faire.
Read more at http://www.poesie-francaise.fr/jean-de-la-fontaine/poeme-epitaphe-d-un-paresseux.php#1JbEMiVMkmvPIH2k.99