L’homme marche d’un pas régulier. Au moment où je le regarde, il a relevé la tête. Un oiseau a crié à son passage. La presqu’île découpe un espace de terre et d’eau dont on distingue mal les contours.
On devine à une légère voussure des épaules qu’il écoute en lui le flux de ses pensées. Je le suis de très loin dans le temps. Il le sait. Au bord du chemin, des fossés remplis d’eau dédoublent le ciel.
Il voudrait arriver à l’extrémité de la presqu’île, là où le remous des eaux claires soulève un sable d’or. Je l’accompagne, porteuse de ses mots de silence. Sur la dune, les herbes sèches plient au passage du vent.
Il avance au rythme des heures lentes, là où se fait entendre un chant très doux. Je me suis arrêtée pour fixer l’horizon sans le perdre de vue. Au loin s’écrit la trace bleutée du jour recommencé.