Il n’y aura plus de jolies dentelles,

de mouchoirs brodés,

d’ombrelles et camées

tout cela est mort

tout s’est éventé

même l’éventail

dans la main gantée.

Objets surannés

d’un temps révolu

et vos mots précieux

dans quelque quatrain

opaque, embué

presque vermoulu

ne me hantent plus

ils se sont perdus

Peut-on regretter

ces charmantes scènes

ces douceurs d’amour

ces cils baissés

un baiser volé

un désir caché ?

et cet éventail

dans la main gantée ?

Qu’il est dérisoire

cet objet léger

aux mille variantes

à tant de contrées

d’ivoire et santal

de plumes et de palmes

de soie, de papier

et de souvenirs

qu’il est dérisoire

de s’y attarder

d’y être attaché

et de le rêver

dans la main gantée

À travers l’ajour

et son déploiement

sans répit je vois

des enfants qui meurent

des maisons qui brûlent

ou bien qui s’effondrent

et j’ai l’âme en peine

de tant de détresse

et tant de malheurs

une terre en feu,

une terre en cendres

une mer en deuil

une mère en deuil

tout hurle trop fort

pour que je sois là

à me souvenir

de cet éventail

dans la main gantée.

                                                  Vernon le 24 avril 2025

                                                

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