Un chien court encore
dans les rues,
affolé, éperdu,
des drames à sa traîne,
en quête de bras
qui le saisiront,
où il reconnaîtra,
où il hurlera
sa joie.
Ces ombres qui nous peuplent
(éditions La feuille de thé, 2023)
On n’a pas enterré
Tous les grands chiens
au pied de l’arbre.
Certains jappent encore,
robe prise dans l’écorce,
déchirure de tendresse
voilant l’espace des jardins.
Voix venues de la terre
(éditions Jacques Brémond, Prix des Jardins de Talcy, 2005)
Ma terre est l’espace
entre mes lieux de racines
Routes pistes voies
déroulent tapis de magie
paysages touchés des yeux
que ma faim
avale
A mes pieds s’endort
un grand chien-loup rassasié
Entailles dans le temps
que la hache d’enfance
un matin de rosée
sur les vitres
entama.
Obstinément l’enfance
(éditions Aspect, 2005)
Dans la grâce du printemps,
ivre de voix et de rumeurs,
tu fais halte en un jardin
aux pelouses régulières.
Tu laisses sans crainte
au portillon métallique
les grands chiens veilleurs
avec leurs mâchoires
qui croquent les angoisses
au squelette dur
comme oiseaux rapaces.
Tu tiens à distance les mers,
les déserts, les lieux de pilori,
de déflagration, de mise à mort.
Un jeune soleil sans mémoire
caresse ta peau.
La nuit ne se tait pas
(éditions Tensing, 2013)
D’où viennent-ils tous ces chiens
qui jappent et bavent
issus de tant
de mes pages ?
Brusquement ils sont là.
A peine ai-je senti
leur passage.
Ils sont là
avec leur regard d’appel,
de connivence, d’apitoiement.
De quel continent englouti,
de quelle brocéliante forêt,
de quelle lointaine usine biscottière
sont-ils les messagers ?
Il faudra bien qu’un jour,
les yeux dans les yeux,
on s’explique.
Sans être, ils disent garder
la porte des chambres,
des multiples chambres
que le souvenir superpose
où j’ignorais leur présence.
Je reconnais maintenant
leur canine patience
sans accepter pourtant
leur poids de chair et de poils
et la patte qu’ils tendent.