Petite, j’émettais des sons brefs dans les vastes salles. Réprimés par des chuuuuts gênés de ma mère, qui se demandait bien : que lui passe-t-il par la tête !
Ainsi conduite par les promenades parentales, je jetais des bips dans les architectures de ses salles de châteaux ou de musée, dont le volume extra-large, me renvoyait à l’envie d’y exister. Sous-marin bébé, mes bips sonars délimitaient les contours de l’espace. Suis-je un tantinet chauve-souris, dauphin, baleine ? La résonance du son dans mes os, mes muscles et sur ma peau me rend un sentiment plénitude. 
Adulte, je ne résiste pas à l’ampleur des chœurs des édifices religieux. Palatins en coque, où le son grimpe s’évase puis s’arrondit en pluie pour en baleines de paradis, redescendre en charmant effondrement de feu d’artifice. Cristallin, évanescent. 
Je chante dans les églises ! Vous chantez, j’en suis fort aise, et bien exultez maintenant !
Ceux qui voyagent en ma compagnie le savent, le subissent et parfois s’en réjouissent. 
Une salle de château, une écurie profonde, une cave voutée de plafond élevé et me voilà mal élevée élevant la voix J’y cultive Les Échos, les élongations, les amplifications, et me sens projetée dans les dimensions de l’espace, écho à mon corps vivant. 
L’énergie de la voix chatouillante puissante, omniprésente m’incarne à l’exposant. Je suis cube ou sphère aux dimensions de la planisphère et enchantée !