Écho parlant quand bruit on mène
Dessus rivière ou sus étang
Qui beauté eut trop plus qu’humaine.
Mais où sont les neiges d’antan ?
Villon, « Ballade des Dames du temps jadis »
Le dernier mot
Écho aura
le dernier mot
prononcé par Narcisse noyé dans son reflet
le dernier mot, en elle, qu’elle restitue
avec la voix qu’il a dans l’agonie
c’est ce qui lui reste, à elle, l’amoureuse, sa voix pour corps,
(ô corps tant aimé, et visage)
recueillie dans l’antre intime vocal résonnant,
son dernier souffle qu’il lui offre, à son insu,
au moment de
l’absolue solitude de la mort
elle en devient la gardienne, elle est lui,
n’aura existé que de lui qu’elle aime qui n’a existé que pour s’aimer lui-même
Ils sont reflets, écho l’un de l’autre
Antinomiques et pris chacun dans le phare illusoire de la beauté.
Aimantés par ce qui fuit,
échappe,
s’évapore.
Brume
vapeur
buée
babil
Trace d’une ineffable présence,
d’un trait sonore,
d’un incertain reflet
Et c’est Éros, l’Implacable, qui a guidé leur pas, dans le labyrinthe cosmique
de la passion
chair équivoque du reflet, du ricochet, de cet obscur désir
insaisissable et fallacieux
à portée, cependant,
si près, si près
vent qui apporte
le dernier mot dans la bouche qui sourit, soupire, offre sa couche et son palais.