Le grain de l’aquatinte

qui a mordu le cuivre

ignore encore de quelle moisson

il est issu,

de quelle lutte,

il a germé,

poings et dents,

heures sous la faux

qu’aiguisa un ciel assoiffé,

il guette le jeu des ombres

autour des blancs,

marelle où sauta,

à pieds joints,

l’enfance rieuse.

                     Le grain du papier

Le poème sur écran informatique

ne pèse rien,

il enchaîne son abstraction

à d’autres pages éphémères

qu’un geste maladroit

peut annuler à la seconde,

grave ou léger,

le poème sur écran est volatile,

rendu à la feuille de papier,

il est vivant,

noir sur blanc,

avec ses fibres, avec son grain,

ses sous-titres, ses sous-entendus,

le poids d’existence qu’il soulève,

l’espace qu’il ouvre sur le ciel.