Au milieu d’un désert sans limites

un mur de pierres grises

se dresse

sous un ciel badigeonné d’indigo

et sur ses flancs le sable blanc

à force de soleil.

Tu es devant le mur.

Tu fonces sur l’obstacle

cris rage plaies bosses

tu te jettes tombes et te relèves

liturgie de la chute

tu persistes

durant des décennies

avec la même rage tu te blesses 

sans changer de place.

En cadence à chaque branle

tu rebâtis  chaque brique

du mur de pierres grises

que tu es devenue.

Or un jour par pure distraction

tu esquisses un pas de côté.

Etrange

il y a

sur le sable

des empreintes de pas

qui disparaissent au premier coup d’œil.

Quelqu’un serait-il déjà passé par là ?

Derrière l’écran le désert serait-il vivant ?

Tu es là

muette

en présence

d’un espace sans repères

un espace à en perdre la vue.

Plus qu’à te mettre en marche

sans regard  ni parole

bercée par le souffle du temps

pour laisser à ton tour

l’empreinte fugace

de tes pas sur le sable

balayé par le vent.

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