Il y a l’absence, un absolu, manque, distance infranchissable. J’ai perdu mon Eurydice… de l’inatteignable, du révolu. Mort effraction. C’est tout à coup, perceptible, la pièce maitresse mise à nu. Mycélium déterré. Point de connexion pendu, débranché, éperdu. Point que l’on ignorait. Nœud relationnel qui tenait tout dans sa conque. Point nodal, de circulation réciproque. De sens, de vie. Imprégnés, mutuellement des façons, des odeurs, des manies, des réactions, des récits. Encodage engrammé de l’autre en soi. Tout un réseau de coordonnées de ton identification.  L’autre en soi, habitude si patiemment récoltée, engainés dans nos veines, nos nerfs, notre esprit. Fils en écheveau de l’un à l’autre appliqués, cousus, torsadés, enchevêtrés, qui tout à coup sont arrachés. Brusquement extirpés. Mais pas d’un seul coup. Pas tout à fait. Répliques. Nos cellules qui, elles aussi, miroitent têtues ta présence. Par intermittence. Cellules oublieuses, qui relancent un geste spontané d’attention. À quelle occasion ?  Déclenché par un motif banal, un dada que tu avais, un geste que tu faisais, bref un truc de rien. Motif de lien, repère en commun. Élan vers toi. Et d’aussitôt déchanter au constat du déni, si surprenant, si décevant, si émouvant, qui signifie dans ce geste perdu, puisqu’il ne peut plus t’atteindre ; qu’en moi seulement encore tu es vivant.

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