Au cœur de l’Écocité, agglomération contemporaine conçue en parfait respect de l’environnement, Coralie est cohéritière avec sa jeune sœur Chloé d’un vaste appartement où l’écho est roi, parce qu’elles maintiennent vide ce logis. Un choix délibérément raisonné pour le garder ainsi, vide…vide…ide…ide…ide……

Dans l’ambiance sans mobilier ni déco, antipode du rococo, pourtant l’écho serait commode à étouffer en absorbant cette acoustique de cathédrale avec des tapis, fauteuils et canapé confortables, quelques rideaux buvards et des chaises autour d’une table…able…able…able……

Fondé par feu leur grand-père Oscar, désormais les jeunes femmes sont à la tête de l’écomusée qui occupe les quatre étages inférieurs. Là où se trouvent également conservés tous les petits échos passés de mode…ode…ode…ode……

Chloé, dite Cloclo, en est l’économe. Et Coralie, surnommée Coco, est codirectrice chargée des relations publiques, des journalistes et autres échotiers…tié…tié…tié……

Chez elles, tout le dernier étage, souvent les sœurs s’amusent à des concours d’échos car à travers l’appartement désertique, l’écho du temps démultiplié leur paraît long…

Cloclo déclenche le chronomètre quand, sur son impératif geste de « top départ », Coco laisse tomber fourchette ou cuillère sur les carreaux du couloir. Puis elles notent scrupuleusement le minutage de l’écho… co…co…co……

À son tour Coralie fait retentir au sol le fracas métallique d’un couvercle de casserole, et elles en homologuent pareillement la prolongation de l’écho. Ensuite, les deux résultats sont comparés…é…é…é……

Bizarrerie, en dépit de leurs différences, quelques fois les échos des objets en lice sont mesurés ex æquo. Chose encore plus surprenante, il arrive que la réverbération de la seconde chute, qui pourtant est colossale, ne dépasse pas la durée de l’ex-écho.

Pour prix de l’enjeu engagé préalablement, la perdante K.O. paye alors son écot en félicitant sa sœur, bien sûr, par un gros bécot…co…co…co……

Si d’aventure, comme voulant donner résonance à l’invite de Faust « Vains échos de la joie humaine, passez, passez votre chemin ! » il arrive qu’un soubresaut d’ondes mutines décide d’aller s’aventurer au-delà du logement, qu’il s’évade par une fenêtre ouverte côté rue, descende s’immiscer dans les automobiles et leur bourdonnement, alors les sœurs déclarent hors-concours l’écho voituré… S’il file parla terrasse, côté inverse de l’appartement, dégringole la balustrade jusqu’au square de l’Écocité pour s’immerger au creux de son étang, Coralie et Chloé traitent alors le fuyard de mauvais joueur et lui lancent, furieuses, qu’il n’est désormais qu’un pauvre…sonar. 

Fabriqués en écomatériaux sur des plans que valida Oscar, grand-père opiniâtre, les énormes bacs à fleurs de la terrasse balayée par les vents, (sirocco et ses frères à tous les échos) dégorgent d’herbacés folâtres. Une approche de l’écho des savanes, que ce legs…legs…legs…… Et tous ces échos ne seraient rien… Rien…rien…rien… Non, ils ne seraient rien si Coralie et Chloé n’étaient pas bègues…bègues…bègues……

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