L’enfant silencieux
sous la nuit de ses yeux
son regard profond
à la fois interroge et répond
pas interrompu
gestes en suspend
il nous regarde intensément
et conclut d’un sourire léger
qu’aussitôt ses lèvres reprennent
comme s’il souriait à l’intérieur
si nos yeux se lisaient dans les siens
qui ne portent que lumière et innocence
on entre ainsi dans les pensées secrètes
de cet enfant qui a su nous toucher
de l’évidence simple de son regard en nous
révélant l’enfant que nous n’avons jamais cessé d’être
*
Rythme lent des pas et des gestes
dans la cuisine carrelée de soleil
fenêtre ouverte sur l’écho des jours passés
le petit arbre d’autrefois au plein des tempes
geste après geste la vie rejouée
le rythme retrouvé du corps
cela que le chant des oiseaux est silence
que la lumière ne touche la pierre que la caressant
*
Pièce tout entière lumière et ombre
où venir chercher caresse du geste d’écrire
dans la profondeur du lumineux après-midi
s’enfouir au cœur simple de l’ici
tout au partage des lisières
à l’invention de la fleur dans le reflet
la fragile écriture des lointains
s’y laisser effacer par le murmure de l’arbre proche
*
Geste après geste
elle entretient le feu de la vie
sous l’œil bienveillant du ciel
partout présent dans le miroir de ses souvenirs
son pas la porte d’une fenêtre à l’autre
d’un horizon à l’autre de la journée
on la voit ouvrir des portes de lumière
parfois elle parle au merle qui lui rend visite
*
Goûter le vin ensemble
presque rien juste
un peu de bleu au ciel dans la fenêtre
de lumière dans tes yeux
éclairant la pénombre des miens
de joie prise aux gestes simples
qui aussi devront devenir musique
un peu de silence à retrouver
de désir à déposer sur tes lèvres
de larmes à nouer
de sourires à délier
un peu d’air à humer avant de refermer l’instant