Je remonte mon col: hiver
Je lasse mes lacets: enfance
Je plonge dans vos yeux : attirance
Je fourrage dans mon sac: Perte?
Je baisse le volet: nuit
Et c’est bizarre s’il fait noir, pourquoi occulter?
Je dévale la rue: nouvelle?
Je compose le code: communication
Je marche au hasard: liberté
Je chantonne à mi-voix: oubli
Toute dans la mélodie, je m’unifie
Promptement je rattrape : réflexe
Je craque en m’asseyant: âge
Je baille en écoutant: ennui
Au loin, je fixe : habitude
J’inhale longuement: fleur
Je détends les épaules: soulagement
Je vernis mes ongles: sortie
Je finis la page: poésie !
Distributeur
L’homme s’est approché. Dans le mouvement de la tête. De chaque côté. Pour s’assurer de la tranquillité. Usure de la marche. Chandail sur son blouson. Rassuré. Sous le bandeau de lampe, grisaille de sa peau sous le poil transperçant. Le monde s’est chiffré. Penché. Sous ses doigts des sons digitaux. Code de coffre. La langue tirée : le billet. Langue de décompte, reliquat de liberté. Dans le retrait. La pluie avait des velléités. La lumière des fuites. Gomme contre macadam. Sur la vitre, la passante emportée sous la masse du bus, sombre dans ses aplats. Homme rapport au manque. Animal au trou d’eau. Dans l’exercice du solde. Il y en a encore ? Insoucieux de son luxe de survie ; se retournant, les épaules moins creuses, la main au menton efface le besoin volatile. Comme si de rien n’était. Un halo de phares. Le rouge se débine, traîne à la stridence de l’eau, là, sur la chaussée. Passage n’éclairant rien sur le motif. Ni sur le fond. Intégrale d’un geste quotidien.
Extrait du recueil » des nouvelles du Moi » éditions unicité 2023. Isabelle Camarrieu