C’était ce cri dans la lumière orange
Ce vibrion qui s’accrochait au mur et se répercutait
Et puis recommençait
Cet écho de l’écho
ce cri-sanglot de blessé ou de joie
Et l’orange devenait bleu
entre les murs blancs du matin
ces murs d’un temps ne finissant
C’était le temps de l’immémoire
de la rondeur et du toujours
Le temps de l’amour d’Éluard
de l’amour dans ce cri noir
Vagissement ou beuglement
le cri pleurait et chantait
se cognait aux pierres endormies
Le tuffeau comme son berceau
l’aube grandissant sous le cri
C’était duel c’était folie
assomption
C’était l’instant long le pérenne
le créateur du frisson
de la peur de la compassion
chant de la faille et du possible
de l’amour sans sa prétention
C’était l’ardeur noire et énorme
allant venant fracassant
un bal sonore
dans l’orange doux rosissant
dans le défroissement des tons
C’était la geste
péremptoire
et devant quoi s’incliner
d’un demain
d’un toujours
la geste qui n’en terminait pas
la geste énorme
la geste brute
L’aboi sans grâce l’aboi du ventre l’aboi du mâle de la femelle
cri de boutoir et de douleur cri de plaisir sans paix ni halte
vrillant perçant vociférant
C’était geste d’amour des xylocopes des bourdons noirs
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Note : « geste d’amour » que j’ai filmée / enregistrée et qui dura 15 -20 minutes au moins
en mon doux pays d’Aliénor