Elle ressentait une fatigue extrême qui lui dérobait les jambes, lui scellait les paupières si fort qu’elle ne savait plus comment les décoller. Puis le vertige la prenait, la vrillait sur place. Elle allait tomber à la renverse, s’évanouir, commençait à sombrer dans le néant. Mais elle résistait. Ses jambes se raidissaient, les muscles de ses cuisses s’arc-boutaient. Elle refusait de fléchir et mettait toutes ses forces pour faire avancer son corps, les yeux toujours clos, malgré cette fatigue vertigineuse qu’elle n’avait jamais connue jusque-là.
Il lui fallait gagner le bureau de la faculté, mais elle ne reconnaissait rien des lieux, se retrouvait dans un hall de verre face à plusieurs ascenseurs disposés en rotonde. Incapable de savoir quel ascenseur choisir. Des gens voulaient bien l’aider, la poussaient dans un ascenseur et lui disait de gagner le troisième étage. Mais lorsqu’elle quittait l’ascenseur, elle se trouvait encerclée par des portes fermées sans savoir laquelle franchir. Une femme lui indiquait alors un petit passage où il fallait se glisser pour gagner un autre bâtiment. Il suffisait juste d’écarter un panneau de contreplaqué poussé là, à la hâte. De l’autre côté du passage, Hélène était surprise de découvrir des couloirs circulaires ouverts sur l’extérieur par de grandes baies vitrées. Il lui semblait qu’ils suivaient la courbure d’un grand fleuve qu’elle apercevait en contrebas. Puis elle marchait d’une foulée plus franche, plus libre, mais sans pouvoir trouver la moindre indication qui pourrait la guider vers son bureau. Les couloirs progressaient en pente douce, bientôt, elle était au rez-de-chaussée du bâtiment, apercevait un jardin, mais elle choisissait de pousser la dernière porte. Là, elle retrouvait son bureau, ou plutôt la pièce qui était désignée comme telle. Car le bureau était désormais sombre, de facture ancienne, ce qui l’étonnait, dans cet environnement de verre qu’elle venait de quitter. D’ailleurs, le numéro du bureau avait changé (…)