Le souffle
Lui disait qu’il était une bulle une simple bulle
Et que tout s’éclairait dans sa tête
Que les pensées s’évaporaient
Et qu’il riait là-haut là-haut
Et que sa tête n’existait plus
Qu’elle devenait un champ d’étoiles
Qu’il se sentait léger léger délié délié
Comme une vague de sang chaud
Libre quand il courait qu’il franchissait
Le souffle
Gorgée de ciel regard d’oiseau
Et ample se développer
Oublier douleur point de côté
Le souffle
Tenir 500 mètres encore
Encore dans la chaleur dans la brûlure de son corps vague
Quatre minutes
Et le point qui s’évanouit
Flèche il s’envole
à côté les tambours
avale plaines et vallons
Rire goulée de lune de vin clairet
qui bleuit l’âme et le regard
Chant du souffle sans état d’âme
Flèche il dépasse
Flexible liane le délire
Il dépasse il franchit
Dans le ciel-mère s’écroule
Au milieu des vivats bravos et liesse

De la Beauté d’être Poème publié en partie dans la revue
SENS

Il y a une broussaille de graminées sur le flot déchaîné de l’herbe
il y a ces feuilles brochées qui tressaillent
ce fauteuil rouge trempé dans l’eau de l’herbe
Il y a cet arbre dansant qui se croit sur le plateau d’un opéra
l’oscillation de ses bras Véronèse
Il y a une pétarade un flux d’odeurs une marche
il y a l’intérieur de la maison
il y a l’extérieur
avec le vent
le vent du nord un peu glacé qui serpente entre les troncs
les langues-branches
Il y a les claquements des pages d’un livre immense feuilleté à même ton
cerveau

Il y a la petite mare de soleil cristal sur les feuilles tombées
déjà mangées
Il y a le crissement
le bruit de pas de celles qui atteignent le sol
le bavardage d’une pluie lente
Il y a le souffle de la bête
les irruptions
les chaud et froid
les personnages qui entrent sortent reviennent repartent
tant de discrétions anonymes
Il y a encore des couleurs

Et au milieu de tout cela
des arbres et de leurs branches
de leurs feuilles brochées ou non
Il y a cette chose
immense
qui progresse t’étreint susurre
phrases inachevées
promet se dédit
sans limites sans fard
devant toi et autour partout

Et cette chose grandit
il n’y a plus de couleur il n’y a plus d’issue

Une feuille d’argent très noire
bat encore là-bas
en coeur plus sombre qu’Elle

Cette chose
qui attente au mouvement simple des paupières
à la circulation du sang
entaille la gorge
ouvre béante et suffocante

la gueule
de Toi
devenu animal

Il y a le souffle
il y a la violence
la blessure de l’incommensurable

Et chaque soir le carmin des figues éclatées
le sang aux confins du ciel
la déchirure et la tornade sur le visage
La peur dans la bouche
joie aux larmes mêlée
le saisissement devant
Beauté


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