Antispéciste,
je me fends d’une caresse attendrie pour mon boulanger à la tête épaisse de baskerville ou baker-gneul
Sauvage,
je lève mes ailes à la douceur du courant du chauffage endormant ma vigilance, partant ma conscience d’être sans plume – je flotte !
Pondeuse,
je gratte d’une pate distraite ma tête chercheuse d’une expression résolue et nourricière à la précision de ma pensée
Velue,
J’écarte à la racine de mes doigts la toison dont le secret s’enfouit sous les couches tissées de civilisation
Feulante,
je recule acculée face à la méchanceté des actes et des vengeances en traines sanglantes à effets de réplication
Cinglante,
je griffe la blancheur où s’écorche en noir le sang de la phrase- récolte soulevée de l’ écœurement
Câline,
Je gorge et j’exténue la douceur à l’ébouriffement cotonneux, pour dans la fièvre de mon sein lover une intimité reproductrice
Spectaculaire
Je pare de 1000 yeux hypnotiques la danse de ma séduction pour attirer mon autre moitié dans le soubresaut de la jouissance
Fidèle, je vais l’amble au pas de qui m’attache sans collier ni laisse à l’amabilité de son maintien
Véloce, je déguerpis ou tout à trac fait irruption sur votre voie, œil fixe et haleine fétide à vous faire peur
Dominante,
Je vaque, passe et repasse, ignorante, vaporisant le mépris fascinant d’élégance dans la pause successive de mes pas sous un regard mystérieux de lune réfléchissante
Claudicante,
J’ai moignons et rougeurs en place de griffes digitales, plaies de mon histoire, cependant que le rou-hou de ma gorge comme le velouté de mon ramage efface avec un battement d’envol toute disgrâce
Indifférente,
Gros yeux saillants, je vous calcule, petit gabarit arrivant dans le champ boueux de mes ruminations, mon oreille s’agace, et de lippe je pince l’herbe à mes sabots, pour vous oublier aussitôt.
Multiple,
Freux nous bavardons à l’envi, noirs sur toit ou arbre, lieu de prédilection, choisi vous ne savez comment, pour nos conciliabules de fin de jour, début de nuit… Y croassons-nous le résumé ou la planification ?
Perfide,
Suave, sinueux se faufilant, j’ondule à la source de mon coulage, rivière brève dans le temps même de ma disparition. Ma caudine, ne parle pas et personne ne s’avise de me siffler.
Vaporeux,
Fébrile, fredonnant, hélicoptère caracolant, j’éblouis de mes bleus-verts moirés, la surface réfléchissante d’une fraîcheur d’été
Aveugle,
Je creuse de mes éventails carnés la brume motte où je croise et me régale de ces nus, les annelés qui s’allongent et se rétractent pour comme moi bien la pénétrer
Écartelée
Au-dessus du buisson en révolte de mon prélèvement, où monte le poison dans ses bourgeons pour m’écœurer, j’allonge le cou et bat mes flancs satisfaction, de ma courte queue finie en hérisson de ramoneur
Animale,
Je me vautre je m’étale, je m’égaye aussi… je geins de sons inintelligibles à mes congénères qui se fixent le portrait dans chaque endroit de leur visite, pour immortaliser le souvenir de ce qui n’a pas eu le temps, dans leur cerveau de vraiment s’incruster.