Être là, aux bornes du chemin,
sans le poids de l’attente,
traversé de souffles
et cependant à l’écoute
de la voix qui s’attarde,
être entre les semis et les récoltes
au pied de la façade ocre
à regarder le soir enlacé
à la vigne-vierge,
être pour ne plus agir,
pour ne plus s’activer
au four et au moulin
à faire dégorger les chagrins,
sécher les vieilles histoires,
être pour voir
le pinceau mouillé de couleurs
poser son glacis sur les heures.
*
Dans l’appel harcelant des téléphones portables,
j’avance sans bruitage
avec le bouquet apaisant des fleurs de coton,
l’espace des bayous livré aux oies sauvages,
le corps chancelant sur les passerelles de lianes.
Reçois-moi, ami lointain, ami de la sève d’érable
dans la douceur pourpre de l’été indien.
Je traverse les voix de la petite chapelle
à l’orée des champs d’Abraham,
j’apporte à ton seuil
un chemin de silence
gorgé d’images de couleurs.