c’est un peu comme
si tu étais né là, Victor,
près de la rivière
frontière
entre nord et sud
dans ce fouillis de feuilles
qui ressemble tant au désordre de ton esprit
dans cette lumière accablante
irisant la rivière
désordre et contradiction :
le nord reçoit la lumière
le sud est à l’ombre
ici la rivière
partage le basalte et le grès
dans ce pays
de pierres rouges
les lauzes
des châteaux
virent au bleu
à force d’être noires
*
Victor,
tu as des bleus
aux genoux et aux bras
un peu dans les yeux aussi
peut-être même
à l’âme
*
les brindilles bleues
de tes yeux
viennent du ciel
et des rêves
*
gambade, gambade
mon Victor
saute, cours, souffle
jette ton corps
aux quatre coins du champ
prés, vaches, arbres
vers ce chêne
bon pour la sieste
dans le silence bleu des mouches

*
tu es
sauvage
jusqu’aux yeux bleus
des fauves et des fleuves
*
tu ris tellement
si souvent
que tes yeux ont gardé le bleu
de l’enfance
*
insouciant des nuages
comme des paroles sévères
tu aimes jouer
tu es la vie
spontanée, innocente
l’herbe
l’arbre
l’oiseau
ne cherchent rien de plus
qu’un peu de vent
qu’un peu d’eau
sang bleu pour la sève
*
le ciel était d’un bleu
de cartes postales
aussi bien que des ciels mystiques
l’enfant était lui aussi
naïf devant le ciel
bouche bée bleue

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