Il règne au matin un vent léger
agitant en tous sens les rameaux du pin
dont les longues fleurs imitent des mains
caressant de leurs fins doigts le bleu de la lisière
être assis là dans ce vent
c’est partager le rêve de l’arbre pensant le ciel
se laisser envelopper par la douceur de ce ciel
c’est sentir comme la main respire
comme la musique est celle du souffle
on regarde ces mains jouant sur le clavier du ciel
et c’est la musique du corps qu’on entend
la tendresse de l’instant au bout des doigts
c’est cette musique qui nous porte
tandis que le vent doucement effleure le temps

*
Le ciel peu à peu se fait plus bleu
l’arbre gagne en immobilité
le vol de l’oiseau suit la ligne du balcon
parfaitement nu et silencieux
peut-être que l’oiseau dessine la présence
que l’arbre qu’on habite de sa pensée
touche le ciel de sa crête délicate
peut-être que le ciel est plus proche que l’arbre
que l’oiseau se retire dans la courbe de son vol
que l’ombre n’en finit pas d’être le temps
on se laisse porter par le mystère des mots
même le fin marronnier calligraphiant le ciel pense
la douceur de l’instant est notre consolation
il faut écrire avec la voix de son silence
*
Sentir la lumière naitre d’un seul dessin
au feuillage de l’arbre qui cache l’horizon
voir le ciel se teinter de bleu
le mur lointain briller de l’éclat de la mer
descendre comme feuilles balançant au vent
ces blanches tourterelles comme tombées du ciel
dont l’aile légère vient battre la nuit de l’arbre
sentir comme le ciel descend sur la terre
comme la terre s’élève jusqu’au ciel
sentir comme au feuillage la lumière germe
comme s’illuminant la fleur se fait lumière
comme cet arbre aux mains de fleurs éclaire la pensée
laisser la pensée devenir feuillage
la lumière doucement venir toucher les mots
*
De longs nuages s’étirent dans le bleu

le pin brille de tous ses fruits
les oiseaux tracent chemin du corps
dans la tendre obscurité de l’espace
tout est silencieux tout rêve
la lumière posée en toute chose
toute chose reposant en elle-même
venir les mains caressées de musique
embrasser cette plénitude de la journée
porter au loin sa vie
au-delà de l’arbre des nuages
là-bas où sont des collines qu’on ne voit que le soir
tout au fond dans un creux du paysage
élevant leurs ailes bleues à la caresse du désir
*
La délicate modulation de la fauvette
est première lisière du silence
premier dessin de la voix au lit du ciel
la lune brille entre les fleurs du pin
bientôt on ne la verra plus
la fauvette ne chantera que pour le nuage
nu et solitaire dans le bleu naissant
bientôt de lentes mouettes feront arbre du ciel
élèveront la nuit du feuillage à sa transparence
la lune se sera cachée derrière l’arbre
sera devenue cœur vivant de la nuit
la tourterelle battra la mesure de l’écoute
il faudra se laisser glisser dans le matin
se souvenir que pénombre est caresse d’immobile

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