Elle taille elle sculpte forge élime 

écarte monts  pourfend les terres sables forêts  passe rivières

se nourrit de pommes et de nuits

_Craquent étincelles brûle la ronce_

Si le tonnerre frappe  applaudit 

Si la foudre s’en vient  exulte 

Venez mon frère

Et quand la pluie joue des claquettes 

Elle est assise en châle roy

En robe Prusse

sur pont d’écluses et océans prairie clairière ciel de Paris

Ode salée  un cri du bleu

Elle te convoque

Droit devant et sans barguigner  

elle te jette

paquet de mer  aile d’oiseau

vagues vase et des questions emmêlées d’algues de cristaux et de hauts mâts qui s’entrechoquent   

Elle se lève

Tu sens noroît brise et autan

chant de marin sur ton visage

ce cri du bleu 

Dans sa main  un lys  une rose 

Et des misères à repiquer

Tant de misère  elle s’insurge

Bleu de ciel   bleu de tempête

Un corbeau vole à la croisée 

qu’elle nourrit

Dans la cour attend le carrosse

Telle Artemis sur son char 

elle s’y juche   elle caracole 

Son regard 

vogue d’embruns  

gomme carlingues

plus de voitures plus de Paris 

Chante la femme audacieuse 

«la femme en flèche»  altière seule

défiant marées maladies accident  

Elle glisse 

Elle cingle au flanc des météores 

Se perd en songe   

Perlez ô pluies

Claquez grêlons

Azurs   turquoises 

divaguantes comètes 

Ondine au coeur battu des vents

Menton haussé 

Le front si blanc

La femme attend proche départ

Là-bas 

Appelle

macareux sternes albatros fous de Bassan cormorans tortues de mer  les alizés les gifles d’eau  lune rasante

les haut et bas tout inversés  les espaces interstellaires les rires les stupeurs collusions les barre à droite les barre à gauche

les naufrages et l’amour grande et l’amour forte

les brûlures les tranchants

le soleil vert et le chien jaune*

Sur la ligne d’horizon  

Invente une voile Prusse 

Une chair 

Un homme simple 

Sonnez trompettes

Au quai  oscille bleu navire 

Un coup d’épée du dieu soleil

Bleu   tout est dans le bleu

Il a rougi

Un coup de vent   il a sombré

Un jet de dés   s’est envolé

(Les nuages l’ont emporté)

Dans ma main 

lourd   telle moue d’enfant

Ce caillou   roulé de la grève 

Sur ma table  aux angles adoucis

Une étoile

La tienne

Bleue 

chute du ciel

(Le bleu de Prusse fond lentement)

Laisser un commentaire