Je n’ai pas cueilli la rose
que ma main te destinait
je l’ai laissée pour enclose
sur son mur de liberté
pourquoi ces paroles simples
arrachent-elles à mon cœur
un parfum lourd de regret ?
les lois sont des murs
sans autre réalité
qu’un alignement de phrases
elles te privent du naturel
de ton droit à circuler
Je voudrais tailler les ronces
de ces mots en barbelés
t’ouvrir le portail du monde
pour te rendre ta liberté
L’amour ce sans papier
en cachant son identité
file doux, voire à l’anglaise
Les arches de l’officialité
Des frontières, il se défie
Des formes et des paris
Sur le temps aussi ;
Car veuf du précédent
il n’est pas encore sûr
de la force de son élan.
il exécre les témoins
indélicats sans le vouloir
à barrer sa destinée
par un mot inopiné
oublieux de sa chaleur
au change de la méfiance
il se coupe en un regard
clandestin sans peur
en état de confiance
à son désir de lien
Lorsqu’avec des amis sur des seuils de fortune,
nous parlions sans nous dire ce qui nous importait,
nous étions aveuglés d’une même famine
et d’un moteur trop las pour pouvoir nous croiser.
Nos mots tombaient avant leurs cibles
même nos flèches malades se délitaient avant d’être lancées.
La fièvre des éphémères prémisses en désertant nos corps
nous laissaient juste aux bornes de nos frontières.
La politesse sifflotait un air de je-m’en-fous, et boitait en partant.
Mon empire est une aile de mouche, un souvenir recollé pour album éventré, une cause éperdue à la beauté sauvage, une blancheur de neige en face de nuage. Mon empire est de riens… crépuscules d’ouvrages…un monstre d’architecture où mon œil est chez lui sur l’éclat de pourtour nacre si duveté de la peau embellie, aux armoiries de fer des fragments de dorures aux balcons de vieille ferronnerie … Familier, mon empire est épars : rendez-vous de moult découvertes, il flâne tout à la danse d’une fine cheville de jambes en progression, sur la tour des talons. Orageux mon empire éructe, souterrain aux pieds de fer ductiles d’une table en terrasse vibrante des transports en commun… Mon empire est à tous, il n’a ni clefs ni portes, il demande tout juste un coup d’oeil à ces détails d’emblème. De frottement de plumes et ventres de pigeon, sur la tranche de l’ombre, embusquée en lisière, mon empire change en toutes saisons le front de ses frontières, défiant les fixités, mon empire est moiré … il est une légère fièvre, une transe en avant, sourire anticipé… Ses destriers sont libres, la crinière décoiffée, quant à son chevalier, il va sur ses deux jambes, sans excessive fierté… De feuilles envolées faseille son drapeau, son hymne se chantonne dans des bras attentifs aux heures oubliées… Mon empire est le pays de ceux – pays de convergence des êtres enchantés, qui savent si bien aimer… Mon empire n’a aucune monnaie, ses titres et sa bourse ne côtent que l’amitié.