Échelle adossée à la maison. Toujours adossée. (un dessin d’enfant que je fais encore pour les enfants, car ne dessinant pas du tout, je reproduis éternellement les mêmes dessins enfantins.)

J’ai peur. Le vertige me gagne quand on m’oblige à grimper à l’échelle murale pour faire des exercices pour réparer ma scoliose. je ne peux plus redescendre. Mes mains transpirent. La hauteur me paraît monstrueuse. Le professeur ou kiné est obligé de venir me chercher. Il n’est pas content. J’ai sept ou huit ans. Pas de force. Pas non plus de compréhension de la situation. C’est violent. C’est un cauchemar. Mon dos crispé me fait souffrir. (anamnèse)

L’échelle des valeurs ! A chacun la sienne et pourtant quand on dit « chacun sa vérité », on creuse le fossé de séparation, d’incompréhension, de haine, vengeance, guerres à l’infini du nord au sud en passant par l’ouest et l’est et l’on ne perçoit pas bien les impératifs catégoriques de Kant dans le chaos grandissant de l’internationale de la bêtise humaine ! (petite réflexion passagère, à peine élaborée)

Échelle de Jacob. La plus connue. Elle exerce un espace aimanté, qui tangue. Un espace de rêve qui grimpe jusqu’aux temps très anciens, temps biblique à évoquer si ce n’est à interpréter. (selon la légende racontée dans la Genèse)

Va mon fils, va Jacob et ramène femme au retour.

Jacob va, fuyant son frère Ésaü et obéissant à l’injonction maternelle, il ne peut que marcher, sandales légères, et soulevant poussières et pensées. Jacob est jeune, altier, et n’a nullement besoin de bâton pour avancer dans la campagne couleur de miel, piquetée d’oliviers et de cèdres, traversée d’oiseaux ou d’anges. Jacob allonge le pas, boit à petites gorgées l’eau de l’outre et dévore à belles dents le pain imbibé d’huile et d’épices. Le ciel d’un bleu intense le remplit d’une joie et d’une exaltation qui n’ont d’équivalent que l’accomplissement des désirs ou la force du rêve. Quand il eut marché jusqu’au soir, quand il vit briller dans le ciel les constellations bienveillantes, quand il eut constaté que ses sandales étaient recouvertes d’une fine poussière et que la soif asséchait sa bouche, il choisit de s’installer pour la nuit dans un creux d’herbes tendres et aromatiques, tout près d’une pierre dont il se servit comme d’un oreiller et comme il avait marché tout le jour égrenant dans son âme tous ceux qui l’avaient précédé, remontant jusqu’à Abel et Caïn, il se coucha sur la terre et s’endormit sans tarder ne sentant nullement la dureté de la pierre où reposait sa tête. Une échelle lui apparut en songe. Elle s’ancrait dans la terre et allait jusqu’au ciel. Des anges y montaient ou en descendaient. C’était merveille de les voir évoluer sur cette échelle souple qui se confondait avec le ciel chargé de nuages. On aurait dit une fourmilière affairée qui jamais ne cessait d’aller et de venir, en équilibre précaire sur l’échelle légère, affolante échelle pour acrobates professionnels et gymnastes hors pair ! Mais les anges vaporeux, ailés, ne se souciaient guère du mouvement vertigineux de l’échelle et allaient et venaient en un ballet étourdissant avec jeux de lumière arc-en-ciel comme pour affermir le lien entre Dieu et les hommes. Au milieu de ce spectacle grandiose Jacob ouït la voix de Dieu qui lui promit une descendance infinie s’égaillant vers le nord, l’ouest, le sud et l’est et une bénédiction sans faille. Au réveil pourtant Jacob fut effrayé à l’idée que la maison de Dieu soit partout et que la porte du ciel commence là où la pierre sur laquelle sa tête avait reposé se trouvait. Avec la rosée du matin et la dissipation de l’essaim d’anges se profila à l’endroit de la pierre le temple en trompe l’œil qui plus tard y serait érigé ! Puissent les ponts et les échelles conduire les êtres à s’aimer plutôt qu’à se haïr comme Caïn vis-à-vis d’Abel ou Jacob fuyant Ésaü !

                                                                                             20 février 2022

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