Je, qu’est-ce ? Un cor de brume, nuit-tempête et dés jetés, égarés.
Je, tremblement,
silence, dislocation, cris.
Des nuits de brouillards acides, des nuits d’ancêtres en fumerolles revenus.
Je-rêve, je-danse, je-paralysé, fragmenté, diffracté, pulvérisé.
Je-emmuré, J/E divisé, écartelé
Des landes, un fouillis de possibles et
d’effrois,
Il ricane le « je » qui vogue dans les bogues qui piquent. Une pelote, un hérisson, peut-être un oursin, coque fragile sur mer déchaînée.
C’est un truc de ouf ce je multiple indiscipliné, délinquant, trafiquant,
corsaire au-delà des embruns et chavirant
à coup sûr dans les eaux troubles des casinos de l’esprit.
Les « je » sont faits, défaits, ressac du désir et de la peine.
Dans la clairière, clair de lune-sorcière, chaudron bouillonnant, mijotant des egos sanguinolents, les « je » prolifèrent, libres enfin !
La démence, jamais loin, est un hôte conciliant je et autre, dans le salon cosy où l’on prend un thé entre amis.
Sur la table de jeux, d’à côté, le tapis de jersey vert attire le regard, dégage un fluide d’émois, une attirance fébrile comme si la chance attendait ou que le verdict des tarots, en ce mois sulfureux de brouillards, prédisait déjà la prolifération sans fin de masques ludiques profanant, piétinant, pulvérisant le « Je ne sais quoi » du je qui boite.
octobre 2019