Les coudes aux genoux
La tête dans les mains
Au bord du chemin
Qui coule vers la mer
Au bord d’une sente
Ruisselante et lente
En serpent parmi les herbes sèches
Les feuilles odorantes
D’immortelles, de myrte et de thym
Les ombelles du verdelet fenouil
Les buissons de rosée marine
Les étoiles de menthe
Les aiguilles de pin
Versant sur les pentes alanguies
Leurs senteurs
Comme des verts d’estive
Elle mâche
Les tiges et les germes
Les yeux d’une vache
Se ferment
Passe en silence un nuage
Un nuage blanc
Que la clarté rougit
Le calament fleurant tellement
Saisie de sommeil
L’ombre d’une branche
Sur la pierre s’étend
La pierre aveuglante
De soleil
Flotte le bras sauvage
Aux anses noires
Dont les dormeuses
De diamant et d’ivoire
Que berce le vent
Pendent
Nonchalantes
Etincelantes paresseuses
Les cils mouillant
Sur la grève brûlante
Des paupières rêveuses
Je me tais
Me fond dans le chant
Dans l’enchantement choral
Des éléments
En mon doux cocon de coton
Intérieur
La rivière ensommeillée de mon lit
Les coudes aux genoux
La tête dans les mains
Goûtant la saveur engourdie
De l’heure lente