Rouge-sourire
Je suis là, perplexe, devant toutes ces choses. Que choisir ?
Soudain :
– Vous cherchez quoi ?
Je sursaute. Est-ce que je sais ce que je cherche ?
Sait-on jamais ce qu’on recherche ?
La femme me prend le bras, désigne l’étalage des trucs devant moi :
– Rouge carmin ? Rouge cerise ? Rouge tomate ? Rouge écarlate ?
Je frisonne, trop de rouge !
J’ai peur qu’elle me propose « Rouge vampire », je l’arrête.
Je secoue la tête.
Je balbutie :
– Je préfèrerais pas… Je préférerais un rose…
– Ça ne vous irait pas ! Il vous faut un rouge baiser !
Elle trace un trait très rouge sur mon poignet.
Je refuse, je ne veux pas confondre mordre et embrasser.
– Ce n’est pas pour moi, je lui dis, c’est pour quelqu’un de délicat.
Elle me tend un tube, beaucoup moins rouge :
– Alors prenez ça : rouge tendre.
Elle dessine un sourire, rouge tendre, sur ma main.
Je regarde : un rouge très doux, presque rose, un rouge-sourire.
Je dis oui. Soulagée d’avoir enfin choisi.
Et je repars, pas tout à fait tranquille :
Est-ce qu’on aura envie de m’embrasser avec ce rouge-là ?