Lettres semées plantées
Par grands vents ou torpeurs ravageuses
Lettres rêvées
Lettres à éclore
Mais tant de lettres
La terre grouille suce grignote nous espère
Je la connais je la nourris
Je la veux riche délirante exubérante
Je veux des millions d’adjectifs
Alors je plante sans compter et sans choisir
Le temps fraîchit je plante lettres
Le temps s’assèche je les arrose
Tout doucement tout tendrement
Et puis j’attends
Le froid s’en vient les glaces neiges
Des tourbillons le ciel échappe en brouillards nus les rires avortent
Plaine s’envole
Au-dessus de mes yeux flotte la plaine
Je vois dessous les graines grasses et engourdies de mes lettres terrorisées
et qui ne savent
L’hiver le blanc le temps
Le temps le temps le temps
Combien encore et leur voix meurt leur voix est sourde
Un sifflement lettres se ploient
petit chiffon une mouillure
Le temps le temps le temps
Le blanc Le blanc Le blanc
La peur hantise les sifflements les cris d’oiseaux ou le silence et c’est tout comme
Lettres plantées et mélangées couleurs mêlées
J’attends j’attends j’attends
Le froissement le chatoiement
la brisure des humus rédempteurs
L’étincelle
L’odeur le lien
La plaine s’est posée la terre s’est soulevée le blanc devient grimoire
Des rus des rires tant de rires tant de cris les lettres se durcissent s’inventent s’assemblent se détachent et rassemblent réinventent le ciel le sol le monde le sens les sens tant de sens et d’essences que flageolent mes jambes
Où plonger le regard
Que choisir
Qu’embrasser
Que t’offrir
Lettres grimpent à vue d’oeil et de tant de couleurs
S’irisent et chantent
L’éveil