Tu m’as demandé des lettres d’amour.

J’ai hoché la tête, je ne savais pas quoi dire. C’était trop pour moi. Trop grand, trop gros, je ne me sentais pas à la hauteur. La hauteur de quoi ? Je ne savais pas trop. J’avais surtout peur de te décevoir.

Ça semblait si important pour toi, ces lettres d’amour.

 

Moi, en matière de lettres, je connaissais surtout l’alphabet. Dans mon enfance, j’avais beaucoup aimé réciter l’alphabet, ça me rassurait – bien plus que les tables de multiplication. Les lettres seraient toujours là, on pouvait compter sur elles. Compter sur elles pour lire les panneaux sur la route, le menu au restaurant, répondre aux courriers, déchiffrer un message…

J’aimais les facteurs, ces hommes de lettres, qui en distribuaient en pagaille, les bonnes et les mauvaises nouvelles. J’ai rencontré un facteur qui lisait beaucoup, distribuer le courrier ne lui suffisait pas.

 

Bref, tu voulais des lettres d’amour, on ne t’en avait jamais envoyé, tu voulais connaître ça. Mais tu ne voulais pas m’obliger, non, non, pas du tout, tu as bien insisté : j’étais libre de les écrire ou pas.

C’était agaçant : plus tu insistais sur ma liberté (de les écrire ou pas), plus je me sentais coupable de ne pas le faire.

En plus, je voulais te faire plaisir. J’aime te faire plaisir.

 

Alors les voilà, mes lettes d’amour :

 

A comme affection, allumettes, amulettes

B comme batifoler, blaguer, bijoux, bisous

C comme complicité, cirque, citrouille

D comme douceur, ding dingue dong

E comme embrasser, étreindre, enlacer

F comme fort, fragile, folies, fantaisie

G comme gourmandise, gribouiller

H comme Hou là là !!!

I comme imaginaire, intense

J comme jouer, jouer avec toi, le jour, la nuit

K comme kalin, avec un K – c’est plus koquin, avec un K

L comme lumière

M comme malicieux, mystérieux

N comme nous – toi et moi, noués

O comme onirique, toi et moi dans le même rêve

P comme paisible, pacifique

Q comme Q – le Q avec toi, ça me va

R comme Reste encore un peu, reste tant que tu veux

S comme ton souffle, ta salive, tes silences, ta sollicitude

T comme tendresse, la tienne, la mienne

U comme urgence de te voir, de te parler, de te toucher

V comme vouloir toi

W comme Wah ! comme j’aime que tu sois là

X comme… classé X, mes mains sur ta peau, etc., etc.

Y comme Y reviendras-tu, à mes bras, à mes mains, malgré mes lettres d’amour, si maladroites ?

Z comme… ze t’embrasse, ze t’embrasse au moins vingt-six fois.

 

 

Chanson sans paroles – Jacques Brel

 

J’aurais aimé ma belle

T’écrire une chanson

 Sur cette mélodie

Rencontrée une nuit

J’aurais aimé ma belle

Rien qu’au point d’Alençon

T’écrire un long poème

T’écrire un long « je t’aime »

 

Je t’aurais dit « amour »

Je t’aurais dit « toujours »

Mais de mille façons

Mais par mille détours

Je t’aurais dit « partons »

Je t’aurais dit « brûlons »

 

Le temps de prendre une plume

Le temps de la tailler

Mais le temps de me dire

Comment vais-je l’écrire

Et le temps est venu

Où tu ne m’aimais plus

 

Le temps de prendre une plume

Le temps de la tailler

Mais le temps de me dire

Comment vais-je l’écrire

Et le temps est venu

Où tu ne m’aimais plus

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