La lettre d’amour n’est pas un genre littéraire à proprement parler. Depuis que l’homme a conscience de ses émotions, il déclare son amour. Il y a peu de temps, a été découvert en Grèce, la plus vieille chanson d’amour. Il s’agit de l’épitaphe de Seikilos où est gravé, sur une colonne de marbre, le poème accompagné d’une partition musicale. Cette mélodie, datant des Ier et IIe siècles av. J.-C, était dédiée à la mémoire d’une femme nommée Euterpe, par son mari, Seikilos. Elle commence par ces trois vers :

La pierre que je suis est une image.

Seikilos me place ici,

Signe immortel d’un souvenir éternel.

pour écouter 

Signe immortel d’un souvenir éternel….ces quelques mots d’amour gravés  arrivent à nous aujourd’hui pour rappeler cet amour passé….pour qu’il existe encore.

Et voici où je veux vous  amener : il n’y a pas de lettre d’amour sans support. Cet objet inanimé – le plus souvent une feuille de papier – anime des sentiments violents.

Ce papier sur lequel on écrit, rature, recommence. Parfois une larme tombe, dilue l’encre qui fera  trace….

 Papier qu’on plie en deux ou en quatre, qu’on met dans une enveloppe. Les sentiments sous pli, nous n’en sommes plus responsables, ils doivent vivre leur destin.

Que fera l’autre avec ce bout de papier ? Il le dépliera, deux fois, ou quatre fois, le lira, le relira puis le remettra dans son enveloppe. Il ressortira cette lettre, le cœur battant cette fois-ci à la lecture des mots amoureux, la caressera, décryptera chaque mot, chaque lettre dessinée.

La lettre tant espérée en ouvrant sa boîte aux lettres un 14 février ou encore convoitée par la jalouse  peut devenir l’objet du crime. Elle fait rougir certaines, espérer d’autres. Et malheur au mauvais destinataire ! La lettre d’amour connait très bien son pouvoir sur les âmes. Si elle tombe entre de mauvaises mains, celles-ci  peuvent jouer un mauvais tour. Se venger …

L’objet est gardé durant toute une vie, conservé parfois avec une photographie, dans son écrin enveloppant. Un bout de tissu, l’odeur du parfum. Parfois, elles sont retrouvées, chéries. Ce papier qui a été touché par l’amoureux, la lectrice/le lecteur tente de capter la sensation, la vibration de la plume, elle/il cherche à ressentir l’autre. En lisant les mots, elle/il entend la voix de l’autre.

La lettre devient sacrée. Après la disparition, elle peut être détruite par les enfants ou devenir une relique. Nombreuses correspondances d’amour ont été publiées : les mots d’Héloïse et Abélard, ceux de George Sand et Alfred Musset, Paul Eluard à Gala, Victor Hugo à Juliette Drouet, et plus récemment François Mitterrand et Anne Pingeot. L’intimité est offerte au lecteur, un troisième protagoniste entre dans leur histoire. A travers ces textes, nous nous rendons compte de l’humanité des personnes célèbres.

Aujourd’hui les messages d’amour sont dématérialisés. Vous recevez par SMS, en 300 signes, les sentiments de l’autre. Malheur à celui qui n’a pas sauvegardé ses messages. En une fraction de seconde, cet amour n’existe plus, il tombe dans le néant. L’autre disparait, l’histoire est oubliée.

Une lettre pour ne pas oublier…..

 

 

Place maintenant aux contributeurs de ce BL inspirés par l’amour des lettres….

  • Brigitte Laporte nous a présenté un livre Cour nord, d’Antoine Choplin, Edition du Rouergue, 2010 (à lire ici).
  • Chanson avec accordéon : Christian Meylet La mort me hante, Sphynx de nuit de Colette Magny.

 

Autres contributions :

 

  • Agnès Adda a lu un extrait de Aurélia Steiner (de Vancouver, premières pages P.125-127) de Marguerite Duras
  • Mireille Diaz-Florian a lu Lettres à Poisson d’or de Joë Bousquet
  • Dominique Zinenberg a lu Lettre d’amour de Roland Barthes in Fragments d’un discours amoureux
  • Gérard Mottet a lu L’amour existe in Poétique de la rêverie, P7
  • Christian Rolin a lu Lettre de Georges Sand à Musset
  • Jocelyne Roudier a lu Lettre de Juliette à Victor Hugo et Lettre d’Antoine de Saint Exupéry à une inconnue.
  • Isabelle Minière a lu Chanson sans parole de Jacques Brel

Le prochain rendez-vous du BL aura lieu le mercredi 17 janvier. Le thème, dans la continuité de la rêverie, est « Marcher, flâner ».

Lise Lentignac

 

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s