– 10h ! C’était à 10h… le rendez-vous.
– Je croyais être en retard et finalement c’est moi qui suis là, assis sur ce banc, à attendre…
– Mais qu’est-ce qu’elle fait ? La semaine dernière, elle était en avance, pourtant.
– En plus j’ai oublié mon téléphone. P’tet qu’elle a essayé de me joindre …
– Quelle heure est-il ? J’en sais rien. J’ai pas de montre, pas de téléphone
– Ahhh …. le temps m’échappe !
– Je déteste attendre en plus. J’aime pas perdre mon temps.
– Qu’est ce que je pourrais bien faire…
– En attendant…
– Admirer le paysage – compter les nuages – observer les personnages !
– Ah ça c’est drôle, j’ai fait des rimes. Sans le vouloir.
– Voyons voir …
Passer son temps – à compter le temps – tout en chantant.
– Cette jeune femme, là-bas, c’est la deuxième fois – que je la vois – près du bois.
Le petit garçon – au ballon rond – dans sa bouche – un bonbon fond.
– La dernière fois j’avais apporté des fleurs, aujourd’hui des bonbons …
– Demain un ballon rond !
– Oui mais p’tête qu’elle préfère les nougats?
Les fleurs, elle en a fait tout un plat.
Moi ! L’nougat – c’est comme le chocolat – j’aime pas.
– Tiens ! Voilà que la jeune femme s’en retourne, avec un sac en cuir marron.
Pour de bon ! Si elle repasse, je lui offre un bonbon.
– Parce que j’en ai marre de l’attendre l’autre, celle qui sait se faire attendre. Madame Désirée va rater son train. Je vais la planter là, sur le quai…
Je suis parti pour un long voyage en solitaire !
La fumée s’transforme en nuages clairs.
Le train file à vive allure, sur les plaines blondes.
Il grimpe sur les collines, et franchit les canons.
Suit la nuit noire du tunnel, puis l’éclat du soleil.
Les mouettes s’égosillent après le chalutier.
Le soleil est déjà bien haut dans un ciel tout bleu
La mer brille et m’éblouit, il est certainement midi !
– Midi ! Ah non mais là … j’ai trop faim !
– Allez … Encore cinq minutes et après … J’entame le paquet.
– Ouais mais après … j’aurais plus rien à lui offrir.
– Ah et puis tant pis, j’ai trop faim. Aller ! J’en prends un !
– Rouge ! Ah oui … rouge, comme la jupe de la jeune fille qui est passée alors qu’le train était juste entrain d’escalader la colline. Impossible d’arrêter ce maudit train ! Je l’ai ratée.
– Mais bon …. P’tet qu’elle va repasser…
– Attendons …. Pour voir.
– Parce l’autre la Désirée, j’l’attends plus. Elle c’est Fini. Exit. La première fois, je l’avais baptisée Espérée. La semaine dernière, son p’tit nom c’était Désirée. Mais maintenant, elle s’appelle Terminée.
– Bon, allez …
– Un bleu – mais oui bien sûr, je fais un vœu !
– Ah …. Orange – mon ange, mon archange !
– Rose – Allez …. Ose, ose, prend la pause.
– Vert – Super …
– Rouge – Oui, oui. Oui c’est ça. Rouge ! Elle s’approche ! Elle est là devant moi. Grands yeux ouverts, sourire en coin, avec son sac en cuir far West, prête à voyager, sauter dans le train pour partir loin, bien loin d’ici.
– Mademoiselle ! Mademoiselle ! Venez !
– Oui oui, c’est ici dans mon wagon ! Il y a une place pour vous. Vous y serez bien.
– Et puis, vous verrez, j’ai des bonbons…